Dans ce groupe, la plupart des jeunes ont indiqué le russe comme langue maternelle, qu’ils parlent à la maison mais qui n’est pas celle de leur ethnie (46,7%). Dans 27 réponses (30%), les jeunes disent parler leur langue d’origine à la maison et la considérer comme leur langue maternelle. « La langue maternelle pour moi c’est la langue de mon ethnie mais je ne la connais pas » a été citée dans 22 réponses (24,4%). En effet, les cas où les gens ignorent leur langue d’origine ethnique mais la considèrent comme leur langue maternelle sont nombreux au Kazakhstan. La raison en est que les jeunes revendiquent leur identité culturelle par la langue d’origine qu’ils ne connaissent pas mais qui reste un repère important pour eux.
La différence avec la répartition de référence est très significative. chi2 = 50,90, ddl = 5, 1-p = >99,99%.
Le chi2 est calculé avec des effectifs théoriques égaux pour chaque modalité.
Le nombre de citations est supérieur au nombre d'observations du fait de réponses multiples (2 au maximum).
Ce tableau est construit sur la strate de population « Autres groupes ethniques » contenant 90 observations et définie par le filtrage suivant : origine ethnique "Autres minorités ethniques".
Synthèse et discussion des résultats
Ainsi, nous voyons que chez les Russes, l’identification de leur langue maternelle à la langue d’origine est plus forte que chez les Kazakhs et les autres ethnies. Il convient de signaler que dans les groupes « Kazakhs » et « Les autres ethnies » environ un quart des jeunes (25,3% des Kazakhs et 24,4% des autres ethnies) ne connaissent pas leur langue d’origine mais ils la considèrent comme leur langue maternelle. Nous pouvons interpréter ce fait que pour ces jeunes, la langue maternelle a une fonction symbolique, plus développée que la pratique réelle, leur permettant de s’identifier à leur groupe ethnique.
Au Kazakhstan, le nombre des gens appartenant aux ethnies minoritaires qui maîtrisent mieux le russe que leur langue d’origine est très élevé. Celas’explique par la politique de russification forcée dans les républiques soviétiques au cours de l’histoire de l’Union Soviétique. En consultant les données du recensement national de 1999, nous constatons que 86% des Azéris, 99,4% des Biélorusses, 97,7% des Coréens, 99,3% des Allemands, 98,9% des Polonais, 99,5% des Ukrainiens et 94,1% des Tchétchènes parlent le russe323. Néanmoins, seulement 50,1% des Azéris, 13,5% des Biélorusses, 25,8% des Coréens, 21,8% des Allemands, 9,1% des Polonais, 16,1% des Ukrainiens et 58,6% des Tchétchènes connaissent leur langue d’origine ethnique324.
O. B. Altynbekova (2006) Les processus ethnolinguistiques au Kazakhstan (en russe), Almaty, Ed. Economika, p. 117.
Ibid.