9.2.3.L’analyse des résultats du groupe « Autres ethnies »

Enfin, pour terminer cette question, nous allons analyser les résultats de notre troisième groupe « Autres ethnies ». Dans ce groupe, le pourcentage de réponses positives à la question « Êtes-vous fier(e) d'être citoyen(ne) du Kazakhstan ? » est encore plus bas (56,7%) comparé aux chiffres des Kazakhs et des Russes. Remarquons aussi le pourcentage plus élevé de réponse « Ne sait pas » (31,1%) que celui des enquêtés russes et kazakhs.

Tableau 53°. La fierté d’être citoyen du Kazakhstan. Données du groupe "Autres groupes ethniques".
Tableau 53°. La fierté d’être citoyen du Kazakhstan. Données du groupe "Autres groupes ethniques".

La différence avec la répartition de référence est très significative. chi2 = 64,22, ddl = 3, 1-p = >99,99%.

Le chi2 est calculé avec des effectifs théoriques égaux pour chaque modalité.

Ce tableau est construit sur la strate de population "Autres groupes ethniques" contenant 90 observations et définie par le filtrage suivant : origine ethnique = "Autres groupes ethniques".

Nous commençons par l’analyse des réponses affirmatives à la question « Êtes-vous fier(e) d'être citoyen(ne) du Kazakhstan ? ». Dans ces réponses, les enquêtés sont fiers de leur pays et de son développement économique. Ils sont optimistes pour l’avenir du Kazakhstan, satisfaits des conditions de vie dans le pays et de la politique du président. Les enquêtés de ce groupe se réjouissent des succès économiques et veulent participer à la construction du pays. Enfin ils apprécient la stabilité politique et la paix au Kazakhstan :

‘« C'est bien d'être citoyen d’un pays qui se développe et surtout de participer à ce processus ». H., 21 ans.
« Etant citoyenne du Kirghizstan, je suis fière néanmoins d'habiter et de faire mes études dans un Etat prospère, moderne, industriel ». F., 21 ans.’

Les jeunes expliquent la croissance économique par la politique équilibrée du président N. Nazarbaïev. Le développement économique, le progrès de ces dernières années sont les raisons de leur attitude favorable à l’égard du pays :

‘« J'aime mon pays, j'aime bien notre président et sa politique. Je suis fière des succès de notre pays. Bien que l'indépendance du pays soit récente, nous avons pu obtenir de très bons résultats ». F., 20 ans.
« Je crois que notre pays est prospèret et je suis heureux d'être citoyen du Kazakhstan ». H., 21 ans.’

Dans leurs réponses négatives à la question « Êtes-vous fier(e) d'être citoyen(ne) du Kazakhstan ? » les enquêtés expriment leur insatisfaction à cause des problèmes sociaux dans le pays. Ils critiquent la mauvaise gestion du gouvernement dans la sphère sociale : l’enseignement, la médecine :

‘« La corruption, la médecine, l'enseignement, la sphère sociale (les soins aux retraités ayant des ressources modestes). Notre Etat a beaucoup de défauts, comme ceux-ci ». F., 15 ans.
« Pour le moment, il n'y a pas de raison d’en être fier et probablement dans l’avenir non plus». H., 20 ans.’

Certains jeunes ne sont pas fiers parce qu’ils ont le sentiment d’être exclus des tout ce qui se passe dans l’Etat. Ce sentiment est conforté parla privatisation injuste de toutes les grandes entreprises :

‘« Dans une grande mesure la terre ne nous appartient pas comme, par exemple, en France où la plupart des grandes entreprises appartiennent à l'Etat. Nos grandes entreprises appartiennent à n'importe qui mais pas à nous ». H., 25 ans.
« Ruiner un tel pays riche et être fier de cela ? ». H., 22 ans.’

N’étant pas d’origine kazakhe, certains jeunes ne s’identifient pas au Kazakhstan ; ce qui explique leur attitude négative à l’égard de la nationalité du pays, mais ils éprouvent aussi un rejet et une hostilité personnels :

‘« Le Kazakhstan n'est pas ma patrie historique c'est pourquoi je ne suis pas fier d'être son citoyen ». H., 15 ans.
« L'hostilité personnelle ». H., 21 ans.
« Ce n'est pas mon monde ». H., 23 ans.’

Les réponses de la catégorie « Ne sait pas » expriment l’indifférence envers la citoyenneté. Les enquêtés manifestent une attitude positive vis-à-vis du Kazakhstan, considéré comme leur patrie, mais sans être fier d’en être citoyens :

‘« Je ne suis ni contre ni pour la citoyenneté du Kazakhstan ». H., 18 ans.
« Je ne sais pas de quoi être fier ». H., 18 ans.
« Je respecte les Kazakhs et le Kazakhstan. J'aime bien ce pays. Je suis citoyenne du Kazakhstan et j'en suis contente mais je n’en suis pas fière ». F., 22 ans.’

Certains jeunes ont une image négative du Kazakhstan à cause de la discrimination manifestée envers les minorités ethniques. Ils ne sont donc pas fiers d’être citoyens du pays car ils se sentent victimes de discrimination dans la société, d’où leur intention de partir à l’étranger. Nous citons ici leurs remarques sur la discrimination au Kazakhstan :

‘« D'une part, j'habite ici, d'autre part, beaucoup ne sont pas contents que j'habite ici. Je quitterai probablement le pays ». F., 20 ans.
« Si au Kazakhstan on n'opprimait pas les autres ethnies, alors on pourrait être fier du pays ». F., 21 ans.’

Synthèse des résultats

Nous voyons que la majorité des enquêtés d’origines ethniques différentes sont fiers d’être citoyens du Kazakhstan (56,7%), pour sa stabilité politique et la paix qui y règne. La reconnaissance, et l’amour du pays sont exprimés dans leurs explications. Néanmoins, 10% des jeunes du groupe « Autres origines » ont répondu non. Les problèmes sociaux tels que le faible niveau de la médecine et de l’enseignement, la corruption et la manifestation de la discrimination sont cités dans les explications. Ces problèmes suscitent la gêne psychologique, le sentiment négatif à l’égard de la citoyenneté du Kazakhstan et l’intention d’émigrer dans un autre pays. L’incertitude sur leur avenir dans ce pays se manifeste par l’attachement à la patrie comme lieu de naissance mais sans avoir de sentiment patriotique.