Comme nous l’avons mentionné ci-dessus, nos recherches avaient été centrées sur l’oral des étudiants de l’université pédagogique russe – futurs enseignants de FLE. Ils sont plus ou moins motivés – en fonction d’un nombre des facteurs présents - d’apprendre cette langue étrangère en tant que leur base professionnelle.
En général, l’oral peut être analysé non seulement à partir du matériel linguistique employé, mais aussi du point de vue des caractéristiques socio-psychologiques des interlocuteurs et des conditions de leur communication. Dans le cadre d’apprentissage guidé, le degré de motivation d’apprendre à communiquer dans une langue étrangère influence tout le processus d’acquisition. Cette motivation – ou son manque - peut provenir de la vie même.
A l’heure actuelle, l’ensemble des enseignants russes se trouve encore confronté, d’une part, à certaines difficultés d’ordre socio-économique: ils font partie des catégories de personnes dont les salaires ne sont pas très élevés. Pour bien gagner sa vie, l’enseignant doit assurer parallèlement deux ou plus d’emplois.44 D’autre part, le statut du français en Russie est bien modeste par rapport à l’anglais et l’allemand, par exemple. Ces facteurs ont une répercussion négative sur la motivation de futurs enseignants de FLE des universités pédagogiques russes.
Dans ces conditions, chaque enseignant de FLE à l’université de Russie a pour sa tâche première de remotiver ses étudiants d’acquérir des savoirs et des savoir-faire authentiques, en éveillant leur curiosité à l’égard de la langue et culture françaises. Ceci est plus ou moins réalisable grâce à un travail intense de l’enseignant, à ses capacités d’optimiser son agir, de motiver ses étudiants non pas seulement d’aimer le français eux-mêmes, mais aussi de transmettre cet amour à leurs futurs élèves. Le rôle de l’enseignant est, avant tout, d’aider ses apprenants à découvrir leurs repères, un réel désir de « trouver du même dans l’autre », de « ramener l’inconnu à du déjà connu ».45
Nous ne parlons pas ici de la situation des enseignants de Moscou qui est plus privilégiée que celle de leurs collègues de province.
PY B., « Acquisition d’une langue étrangère et altérité », dans: Gajo L., Matthey M., Moore D. & Serra C. (eds.), Un Parcours au contact des langues. Textes de Bernard Py commentés, Paris, Didier, 2004, p. 102.