2. 2. La période de 1931 jusqu’en 1940

Ces émigrés menaient une vie sociale très active, fondant des écoles, des églises, des associations, des œuvres sociales et organisant des conférences, des concerts, etc.

C’est dans la région parisienne que résidait plus de la moitié des Russes. Des colonies importantes se sont formées en outre dans les Alpes Maritimes, les Bouches du Rhône, l’Isère, la Loire, la Moselle et le Rhône.

Le statut de ces réfugiés était varié. Certains avaient été naturalisés français, soit qu’ils en eussent fait la demande, soit par mariage avec des citoyens français. D’autres avaient acquis la nationalité de leur premier pays d’accueil, par exemple, de Yougoslavie, de Tchécoslovaquie. D’autres enfin avaient préféré conserver le statut de réfugiés apatrides, munis d’un certificat d’identité internationale appelé « passeport Nansen », du nom du haut-commissaire aux réfugiés nommé par la Société des Nations.

Du fait de ces différents statuts, on ne possède pas aujourd’hui de statistiques précises sur le nombre des Russes immigrés en France. Les statistiques officielles françaises témoignent:

Année 1921 1926 1931 1936
Russes 31 347 67 218 71 928 63 957
Naturalisés ex-Russes   5 803 10 972 13 810

En 1924, on a estimé le nombre réel des Russes émigrés en France entre 100 000 et 150 000.

Parmi ces émigrés, il y avait, par exemple, la famille Tarassov qui en 1920, en fuyant les bolcheviks, avait quitté la Russie et via Constantinople et Venise, en 1921, est arrivée à Paris. Dès le début des années trente, Lev Tarassov a publié, l’un après l’autre, ses romans, sous le pseudonyme d’Henri Troyat. En 1938, alors qu’il n’avait que 27 ans, il a reçu le prix Goncourt pour son roman « L’Araignée ». Depuis plus de quarante ans, il est resté membre de l’Académie Française.

A cette période d’émigration, on peut parler du bilinguisme des Russes installés en France : leur langue maternelle était soignée et considérée comme une partie de leur identité, un signe de leur appartenance culturelle. Et la langue française leur était importante pour s’intégrer parfaitement dans leur pays d’accueil.