3. 0. La deuxième génération

A la fin de la deuxième guerre mondiale, des Soviétiques se sont trouvés bloqués en Occident à la suite de la défaite de l’Allemagne. Ils appartenaient essentiellement à trois catégories suivantes:

Au début de 1944, le nombre de Soviétiques en France a été de l’ordre de 30000, la plupart situés dans les bassins houillers de la Lorraine et du Nord. Il s’y sont ajoutés, à la fin de 1944 et au début de 1945, les prisonniers et les personnes déplacées que les armées alliées opérant en Allemagne avaient évacués vers la France, où ils ont été placés dans des camps de transit. Après la victoire sur l’Allemagne, à la suite de l’accord passé par le gouvernement français avec le gouvernement soviétique, 102 481 Soviétiques ont été rapatriés en URSS.

Certains ont refusé ce rapatriement et constitué ce que l’on appelle la deuxième génération . La plupart sont allés s’installer aux Etats-Unis, un petit nombre est resté en France. Selon les données du Recensement de la population effectué en 1946, environ 50 934 de Russes et 16 039 de naturalisés ex-Russes habitaient en France à l’époque.

En 1946, l’URSS a offert aux émigrés d’après la Révolution d’acquérir la citoyenneté soviétique: environ 10 000 auraient accepté, dont 2 000 sont retournés dans leur pays natal.

Au gré du destin, un demi million de prisonniers de guerre soviétiques s’est retrouvé au cours de la deuxième guerre mondiale sur le territoire français. Dès que l’occasion s’en présentait, ils s’évadaient des camps. Ceux qui ont eu la chance d’éviter les rafles et la fusillade entraient dans les rangs des partisans français et participaient aux actions militaires.

En 2005, l’Ambassade Russe, en collaboration avec les Ministères Français de la Défense et des Anciens Combattants, a fini de retrouver toutes les sépultures des militaires soviétiques sur le territoire français. Le plus grand cimetière est celui de Noyer-Saint-Martin, dans le département de l’Oise, où se trouvent les tombes de près de 6 700 personnes.62 Sur le territoire de cette nécropole, a été érigé le mémorial « Fleurs de la Russie », exécuté par le sculpteur Vladimir Sourovtsev. L’idée de remplacer une plaque commémorative par une composition sculpturale appartenait à l’Ambassadeur russe Alexandre Avdeyev et au président de l’Association Internationale des vétérans russes de la Résistance française, Oleg Ozerov.

C’était le général de Gaulle qui a inventé la politique de Détente et a initié le rapprochement entre la France et l’Union Soviétique, en ayant une immense sympathie à l’égard de la nation russe.

A cette période, on constatait des niveaux de maîtrise du français très inégalitaires concernant différentes personnes issues de l’émigration russe. En général, on pourrait qualifier ces acquis comme ayant un caractère sporadique, peu systématique, soumis à « la tâche ». Il y avait néanmoins, une quantité de personnes très cultivées qui ont parfaitement maîtrisé le française en tant que leur seconde langue. Toutefois, la majorité des compatriotes russophones ont choisi le russe comme leur langue principale de communication mutuelle.

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Après la dernière guerre, la plupart des organisations russes de la première émigration avaient perdu leur raison d’être, les enfants et les petits-enfants de ces émigrés étant devenus des citoyens français parfaitement intégrés. Seules les Eglises russes et ukrainiennes, toujours actives, ont maintenu un lien entre elles. Cependant quelques associations survécues ont réussi à retrouver leur vitalité grâce à de nouveaux immigrants venus de l’URSS, malgré certaines difficultés interrelationnelles.

Notes
62.

GANTCHIKOV V., « Vétérans soviétiques de la Résistance française », dans: La Pensée Russe. 125 Ans de la Pensée Russe, hors série, Paris,n°1, 2005, p.5.