5. 1. La Renaissance russe est-elle possible sur les bords de la Seine ?

Ce problème intéresse vivement toute la diaspora russe installée en France. Les Français eux-mêmes n’y sont pas indifférents. L’apport des Russes dans l’histoire de la France, sa culture et sa science, n’a toujours pas été évalué dans sa totalité.

Selon « La Pensée Russe »63, il reste de moins en moins de représentants de la première vague de l’émigration russe à Paris. La majorité des Russes du 3e et du 4e flux d’émigration est partie dans d’autres pays: les Etats-Unis, l’Israël, l’Allemagne, alors qu’autrefois il y avait un peu partout à Paris des boutiques, des restaurants et des écoles russes. On construisait des églises, on éditait des journaux et des revues, on organisait des soirées et des bals. Les représentants de la diaspora russe de ces années-là étaient des acteurs de premier plan dans toute la vie culturelle: cinéma, musique, ballets, peinture, littérature.

Actuellement, peu de gens savent que même des symboles de la France, comme, par exemple, Chanel n°5 ou la revue « Elle », ont des racines russes. En exagérant à peine, certains affirment que les Russes ont littéralement déserté Paris. Qu’adviendra-il donc du Paris russe ? Disparaîtra-t-il complètement, dans 5 à 10 ans, dilué dans le milieu français ?

Il y a des indices montrant que les Russes habitant en France n’ont pas l’intention de se rendre: Paris – de même que d’autres villes françaises (par exemple, Lyon, Marseille, Nice, etc.) - a conservé ses églises, ses librairies et ses bibliothèques russes, des restaurants et un centre culturel officiel russe, situé rue Boissière. Nombreuses sont des associations réunissant des russophones aux moments de leurs loisirs, des fêtes traditionnelles russes, etc. Souvent, ce sont des associations mixtes avec des Français passionnés par la Russie et par sa culture.

Récemment, Alexandre Lebedev - un oligarque russe - a ouvert un centre culturel russe privé au Château des Forgets. D’après ses propres paroles, il souhaite y créer un centre de littérature de l’émigration, qui prendrait appui sur la documentation des archives: celles de Troïtsko-Sergueievski et les archives de l’émigration.64

Les spectacles au « Casino de Paris » de Viatcheslav Polounin - clown russe mondialement célèbre (il s’illustrait en mettant en scène toutes les clowneries du « Cirque du Soleil ») - étaient complets les deux mois prévus, et à cause de son grand succès, ont dû être prolongé d’un mois.

De nouvelles épiceries russes ouvrent de temps en temps, à travers toute la France. Il apparaît de plus en plus de discothèques russes. On organise des concerts et des soirées sur des thèmes russes.

Les Russes, surtout ceux qui sont récemment arrivés en France, cherchent obstinément des lieux de réunions et de rencontres, organisent une sorte de clubs, où l’on pourrait se sentir comme chez soi, avec légèreté et simplicité.

Les 17 et 18 juin 2005 à Bruxelles, au Parlement Européen, a eu lieu la conférence « Population russophone de l’Union Européenne: instauration de la société civile ».65 C’est déjà pour la troisième fois qu’une telle conférence a été organisée. Elle a rassemblé des hommes politiques, des journalistes et des personnalités venus de 21 Etats d’Europe. Au cours de cette conférence, la Fédération des Partis russes de l’Union Européenne a été fondée. En même temps, la conférence a instauré une organisation dénommée l’Alliance russe de l’Union Européenne.

La tâche principale de la Fédération des Partis russes de l’Union Européenne est de résoudre les problèmes de la diaspora russophone par des méthodes politiques. Elle a l’intention de coopérer avec l’Etat russe et pratiquement avec tous les partis russes (à l’exception des radicaux extrêmes).

L’« Alliance russe de l’Union Européenne » fondée sur le principe d’une association de membres individuels est le « frère jumeau » de la Fédération des Partis russes. Elle a pour vocation de devenir un forum permanent pour les personnalités russophones de l’Europe.

Notes
63.

GOULTSEV A., « La Renaissance russe, est-elle possible sur les bords de la Seine ? », dans: La Pensée Russe. 125 Ans de la Pensée Russe, hors série, Paris,n°1, 2005, p.27.

64.

TIKHOMIROVA É., « Nous sommes des gens modestes ! », dans: La Pensée Russe. 125 Ans de la Pensée Russe, hors série, Paris,n°1, 2005, p.p.12-13.

65.

GOULTSEV A., « L’Europe, a-t-elle besoin d’un « parti russe » ? », dans: La Pensée Russe. 125 Ans de la Pensée Russe, hors série, Paris,n°1, 2005, p.15.