1. 1. Une opinion qui mérite d’être prise en compte: l’heureux redressement de la langue française

Un écrivain français émérite, Maurice Druon affirme que numériquement parlant, il n’y a jamais eu de déclin de la langue française.69 Selon lui, aujourd’hui, le nombre de gens parlant et lisant en français est très supérieur à ce qu’il était au temps où il représentait toutes les élites européennes. Il s’est simplement passé que les usagers de l’anglais, au cours du dernier siècle, ont largement dépassé en nombre les usagers du français. Le français n’a pas reculé, il a été distancé, ce qui est tout différent. Et cette distance est en train de se réduire progressivement. Le redressement actuel du français est perçu comme une garantie de la survie de la pluralité des cultures, à l’opposé de la mondialisation symbolisée par la puissance économique des Etats-Unis, aujourd’hui mise en question.

M. Druon constate avec regret que la France survit généralement grâce au fonctionnement d’un réseau d’établissements d’enseignement, d’Alliances françaises et d’instituts hérités de la IIIe République, sans y avoir guère ajouté depuis. Partout, la demande est supérieure à l’offre. En maints pays, d’après M. Druon, le français serait la seconde langue étrangère, et même la première, s’il y avait des enseignants en nombre suffisant. Ensuite, il a donné un exemple illustrant ses conclusions. Henri Cuny, l’ambassadeur de France en Arménie depuis quatre ans, a abouti à la création sur place d’une université française. Cette dernière comporte trois facultés (droit, commerce et gestion) dont les diplômes sont reconnus par l’Etat français. On y enseigne l’arménien, le français, l’anglais, le russe comme langues obligatoires et l’allemand en option. L’université accueille sept cents étudiants.

M. Druon a cité certains groupes industriels, tels que Renault, Peugeot-Citroën, LVMH, qui soutiennent la cause de la langue française à l’étranger.

Il a eu également l’idée – qu’il avait déjà énoncée avant – de créer un Comité pour la langue du droit européen, au sein duquel le français soit pris pour la langue de travail. Non par chauvinisme linguistique, mais pour la sécurité juridique. Puisque nombreux sont les Etats qui ont eu à refaire leur droit ou leurs procédures judiciaires, dont la Russie et la Chine: ils ont fait et continuent à faire appel aux experts français, magistrats, notaires, spécialistes de contrats.

M. Druon prétend que depuis la mort de Georges Pompidou, les Français n’ont plus de politique de la langue française. Par ailleurs, le Ministre des Affaires étrangères, M. Douste-Blazy a annoncé dans sa conférence de presse, en mai 2005, que vingt-deux lycées français dans le monde étaient en rénovation, en extension, en construction ou en projet. Le ministre a également fait part de la création d’une Agence culturelle de l’action française à l’étranger. Espérons que tout cela porte ses fruits.

Au début de l’année 2007, l’AUF et la FIPF ont fait appel aux départements d’universités et aux associations de professeurs de français, en les incitant à mener un projet global sur l’appropriation du FLE et du FLS en milieu institutionnel dans différentes régions du monde, par la constitution d’équipes universitaires autour des projets de recherche localisés. Les données produites ont à être comparées avec celles des autres équipes dans le monde. Une convention de recherche, adaptable aux contextes locaux, a été jointe à cet appel. Les résultats des investigations feront l’objet d’exposés et de communications au colloque de la FIPF à Montréal en 2008.

Notes
69.

De l’Académie Française, le 5 juin 2006.