1. 2. La politique linguistique de la France

Malgré de vifs regrets de M. Druon qu’actuellement,les Français n’ont plus de politique de la langue française, il est à remarquer que durant toute l’histoire de la France, son gouvernement et l’opinion publique ont prêté une grande attention à la situation et au développement de leur langue, autrement dit à l’aménagement linguistique.

La politique linguistique moderne de France se développe dans trois directions: la France, l’Europe, l’échelle internationale.

Le gouvernement français s’appuie sur le fait du plurilinguisme, en proposant de mettre au point partout en Europe le système d’enseignement dans le cadre duquel chaque Européen maîtrise trois langues, à la fois: sa langue maternelle et deux langues étrangères. Ainsi, même s’il choisit l’anglais en premier, il restera une forte chance qu’ensuite, il optera pour le français. La France est prête à maintenir le principe de trois langues dans son système d’enseignement. A l’ouverture des États généraux du multilinguisme s’étant tenus le 26 septembre 2008, en Sorbonne, C. Albanel, ministre de la culture, A. Joyandet, secrétaire d’État à la Coopération et à la Francophonie, L. Orban, commissaire européen et M. A. Martinez Martinez, vice-président du Parlement européen ont souligné l’importance du plurilinguisme comme dimension de la construction et de la cohésion européennes sur les plans éducatif, culturel, économique et politique.70 Le philologue russe V. G. Gak 71 affirme que « la langue est inséparable de la culture; les richesses contenues dans le coffret s’ouvrant avec une clef française ne sont pas les mêmes que celles auxquelles donne accès la clef anglaise. Et jamais une seule langue étrangère ne remplacera une diversité précieuse et charmante du plurilinguisme.»72

Sur le plan international, le rôle de la langue française s’affermit grâce à l’activité des organisations intergouvernementales et sociales.73 A l’heure actuelle, l’organisation francophone compte 47 pays dans ses rangs. Un nouveau site Internet à l’attention des apprenants et des enseignants de FLE offre une occasion unique de nouer les contacts avec de nombreux francophones.74

Bref, soutenir le prestige du français à l’échelle internationale est une tâche impérative et bénéfique. Mentionnons dans ce contexte le Sommet de la Francophonie étant l’instance suprême de la Francophonie. C’est une Conférence des chefs d’Etats et de gouvernements des pays ayant le français en partage. Le Sommet de la Francophonie définit les orientations de la Francophonie de manière à assurer son rayonnement dans le monde. Il adopte toute résolution qu’il juge nécessaire à la réalisation de ses objectifs. Il élit le Secrétaire général. Le Sommet se réunit tous les deux ans. Il est présidé par le chef d’Etat ou de gouvernement du pays hôte du Sommet jusqu’au Sommet suivant. Il statue sur l’admission de nouveaux membres de plein droit, de membres associés et de membres observateurs à l’OIF – l’Organisation Internationale de la Francophonie. Depuis 1986, douze Sommets de la Francophonie ont eu lieu: à Paris (1986), à Québec (Canada, 1987), à Dakar (Sénégal, 1989), à Chaillot (France, 1991), à Grande Baie (Maurice, 1993), à Cotonou (Bénin, 1995), à Hanoi (Vietnam, 1997), à Moncton (Canada - Nouveau-Brunswick, 1999), à Beyrouth (Liban, 2002), à Ouagadougou (Burkina Faso, 2004).Le XI e Sommet s’est tenu en septembre 2007, en Roumanie. La XII e Conférence des chefs d’État et de gouvernement des pays ayant le français en partage, précédée par la Conférence ministérielle et le Conseil permanent de la Francophonie, a eu lieu du 17 au 19 octobre 2008 à Québec (Canada).

L’Organisation Internationale de la Francophonie (l’OIF) mentionnée ci-dessus est une institution fondée sur le partage d’une langue et des valeurs communes. Elle rassemble 53 Etats et gouvernements membres et 10 observateurs, et représente sur les cinq continents plus d’un quart des Etats membres de l’Organisation des Nations unies, soit 710 millions de personnes. L’OIF mène une action politique en faveur de la paix, de la démocratie et des droits de l’Homme et anime dans tous les domaines une concertation entre ses membres.

Il est aussi à évoquer ici un événement unique qui réunit l’ensemble des acteurs du marché linguistique, professionnels et grand public dans le but de promouvoir l’apprentissage des langues, défendre le plurilinguisme et encourager les échanges internationaux. Il s’agit d’Expolangues. A l’occasion de son vingt-cinquième anniversaire, le salon a accueilli, du 24 au 27 janvier 2007, comme invitée d’honneur, la Fédération de Russie. Les visiteurs ont eu le privilège de découvrir ou redécouvrir la langue, la culture et le folklore de ce pays riche en histoire et traditions.

Notes
70.

MORIN I., « États généraux du multilinguisme: Un vaste chantier », dans: Morin I. et Tillier A. (réd.), Le Français dans le monde, n° 360, novembre-décembre 2008, p.7.

71.

Docteur en sciences philologiques, Professeur à l’M.G.U., savant émérite de la Russie, chevalier de l’Ordre de la République Française « Pour les mérites ».

72.

GAK V. G., « Frantsouzsky iasik v sovrémennom miré », dans: Inostrannié iasiki v chkolé, Moskva, n°2, 2002, p. 80.

73.

Voir ci-dessous; le chapitre 3 en particulier.

74.

www.contactsfrancophones.com