Durant plusieurs siècles, la langue française a été considérée en Russie comme langue de prestige réservée à l’élite.
Aujourd’hui, d’après les statistiques, environ 5,6 % d’étudiants russes – ce qui correspond à 788 000 de personnes – ont choisi le français pour l’apprentissage. Quoique, de ce point de vue, cette belle langue reste toujours devancée par l’anglais et l’allemand.
Le nombre d’apprenants préférant le français a fortement diminué en Russie depuis la fin de l’Union soviétique, suite à la disparition des quotas favorisant l’apprentissage du FLE et à l’attrait général pour l’anglais. La tendance de certains établissements secondaires à proposer encore aujourd’hui une seule langue étrangère obligatoire à l’apprentissage ne fait que reculer davantage le français. Ainsi, plus les établissements secondaires ont d’indépendance dans le domaine de l’élaboration de leurs plannings annuels et trimestriels, plus on s’aperçoit de la mise à l’écart du français au profit de l’anglais.
La situation qui s’est créée aujourd’hui avec l’enseignement du FLE en Russie, est conditionnée, comme nous le voyons, par des facteurs d’ordre social, en premier lieu. D’une part, l’anglais attire des élèves des écoles secondaires et des étudiants, comme le moyen universel de communication internationale. D’autre part, des enseignants aux écoles et aux universités ne sont pas en mesure d’aider leurs étudiants à choisir la langue étrangère qui correspondrait à leurs futurs métiers, le rôle du français au sein de la communication professionnelle moderne n’étant pas suffisamment étudié. Le problème du retrait du français peut être actuellement résolu grâce à l’application du principe du plurilinguisme .
L’anglais n’a pas à être une langue dominante dans l’enseignement secondaire et universitaire. Dans la perspective du développement de l’enseignement à options dans les grandes classes de l’école secondaire, il est très important de révéler les langues étrangères ayant aujourd’hui de la valeur pour une communication professionnelle dans tel ou tel domaine. Autrement dit, le principe européen du plurilinguisme dans l’enseignement des langues exige des spécifications dans le cadre du système éducatif russe. Selon T. B. Lessokhina et S. A. Cheïnak 77, il s’agit d’une corrélation adéquate des langues étrangères enseignées, répondant aux exigences de la vie moderne. Pour le FLE, il est aussi à évaluer des perspectives du développement de cette dernière, afin d’élucider ses domaines d’application sur le terrain russe. En même temps, il est à rétablir le principe de succession des systèmes d’enseignement scolaire, universitaire et professionnel, pour que les sortants de l’université soient prêts à mettre en pratique lors de leurs activités professionnelles toute la somme de leurs savoirs et savoir-faire obtenus en FLE.
Le français est une langue de communication professionnelle avec les représentants de la France, de la Belgique, du Canada, de la Suisse, de certains pays de l’Asie du Sud-Est, de l’Afrique (Vietnam, Cambodge, Laos, Maroc, Tunisie, Algérie, etc.) faisant partie de l’organisation internationale de « la Francophonie ». Dans tous ces pays, la langue française joue un rôle important, en fonction d’un ensemble de leurs traditions historiques et culturelles.
Aujourd’hui, le FLE est indispensable aux spécialistes travaillant dans les branches de l’économie russe dont le développement dépend de la coopération avec leurs partenaires francophones de la France, de la Belgique, du Canada, de la Suisse. Il s’agit notamment de l’industrie aéronautique, des industries énergétiques, automobiles et textiles, des secteurs de construction et de télécommunication, de l’architecture, des recherches fondamentales dans les domaines de mathématiques et de physique.
Le niveau de maîtrise du FLE par des sortants de l’école secondaire russe, concernant leurs activités d’expression, de réception, d’écriture et de compréhension, doit leur permettre par la suite de développer ces savoir-faire jusqu’au niveau professionnel.
Bref, le français possède des atouts pour se positionner comme deuxième langue étrangère dans les écoles et les universités russes, lorsqu’une seconde langue étrangère sera obligatoire dans tous les cursus scolaires.
La conversion scolaire et universitaire entre la France et la Russie est en plein essor. Il existe déjà un corps enseignant motivé et de grande qualité.
Les échanges commerciaux franco-russes et l’implantation d’entreprises françaises en Russie se développent. La présence de la France en régions est de plus en plus visible avec la mise en place d’un réseau d’alliances françaises sur tout le territoire russe.
LESSOKHINA T. B. et CHEÏNAC S. A., « Préiémstvennoïé oboutchénié frantsouzskomou iasikou v chkolé i v néfilologuitchéskom vousé v konteksté iasikovogo pluralisma », dans: Inostrannié iasiki v chkolé, Moskva, n°5, 2004, p.p. 31- 39.