2. 0. Les organismes défendant la cause de la langue française en Russie

Les Russes défendant la cause du français mènent leurs « combats » aussi bien à l’extérieur de leur pays – pour sauvegarder le prestige de cette langue en Europe et dans le monde face à l’anglais - qu’à l’intérieur. Depuis 2000, la Russie fait partie de la Fédération Internationale des langues modernes. Cette dernière contient un nombre important de militants pour la survie de la langue française en Russie.

Les enseignants de FLE et leurs étudiants participent activement à l’élaboration des projets internationaux et des programmes d’échanges linguistiques. Parallèlement, on a mis en place entre les deux pays un système d’invitations-échanges des écrivains et des éditeurs dans les buts linguistiques et culturels. Ainsi, L’Ambassade, le CCF de Moscou et l’Institut Français de Saint-Pétersbourg font venir des écrivains et des éditeurs
français à l’occasion des événements spéciaux organisés par les
partenaires russes.

Notre pays est également membre de la Fédération internationale des enseignants de la langue française, étant présidé ces dernières années par D. Pagel. Cette organisation existe déjà depuis un moment. Elle est en tête de plus de 180 associations qui comptent plus de 80 000 membres.82 Leur rôle principal est de promouvoir des méthodes d’enseignement avancées, de dialoguer avec les représentants du pouvoir local pour défendre les positions de la langue française dans le système d’enseignement, de créer auprès des parents d’élèves une image positive du français comme langue à valeurs scientifique et culturelle. Tout ce travail peut être efficace seulement s’il est basé sur les idées du plurilinguisme. Dans ce contexte, nous voulons mentionner l’élaboration d’un cursus universitaire spécialisé intitulé « Politique sociale des pays des langues étudiées » et destiné à systématiser des compétences socioculturelles des étudiants, à travers une comparaison des deux cultures: celle de leur origine et celle du peuple dont ils étudient la langue.

Nommé Secrétaire d’État à la Coopération et à la Francophonie, le 19 mars 2008, la veille de la Journée de la Francophonie, Alain Joyandet a souligné que les enseignants de français sont les meilleurs ambassadeurs de la langue et des cultures francophones, qu’ils sont les acteurs de terrain de la diversité culturelle et linguistique que la France soutient ardemment. Ces « …passeurs de civilisation » « …construisent l’avenir de demain en favorisant une meilleure compréhension mutuelle entre les générations futures ».83

Voilà depuis déjà plusieurs années qu’on a une tradition d’organiser, en mars, à Moscou et dans d’autres villes russes des journées de la francophonie, de la langue et de la culture françaises, sous l’égide de l’Association des enseignants de français de Russie. Les représentants de l’Ambassade de France à Moscou et certains enseignants de français à l’étranger y prennent part d’habitude. Ces journées permettent de repenser la place de la langue française en Russie, son rôle dans le système d’enseignement.

L’Association des enseignants de français de Russie (AEFR) réunit lors de ses séances les représentants de tous les types d’établissements: universités publics et privés, écoles secondaires, lycées, gymnases, etc. On discute des problèmes d’enseignement du français à tous les niveaux et des moyens d’améliorer la situation.

En janvier 2005, par exemple, l’AEFR a traditionnellement organisé avec l’appui du Ministère de l’Éducation nationale et des Sciences de la Fédération de Russie et de l’Ambassade de France à Moscou, son quatorzième séminaire national. Les conférences et les ateliers ont porté sur des thèmes variés: une ambiance authentique en salle de classe, la chanson contemporaine, le théâtre et la radio en classe de FLE, la presse francophone, l’écriture créative, la poésie, les contes, la francophonie, l’Europe, etc. Plus de 200 professeurs de français y ont participé.

C’était l'intervention de Mireille Cheval, attachée de coopération éducative à l'ambassade de France, ainsi que le point de vue de Maria Jabina, membre de l'AEFR, qui nous ont impressionnés le plus: deux points de vue sur le même événement des personnes différemment positionnées par rapport à la langue française.

Notes
82.

IL’INA T. P., « XIV Sessya … », op. cité, p.86.

83.

JOYANDET A., « Les Professeurs de français: fer de lance de la francophonie », dans: Chnane-Davin F. et Cuq J.-P. (coord.), Le Français dans le monde, n° 358, juillet –août 2008, p.8.