Il est important d’y mentionner l’écart séparant le contexte d’apprentissage familier aux étudiants russes de l’univers de la langue française (historique, géographique, etc.), ce qui détermine les stéréotypes comportementaux de ceux-ci, leurs motivations de progresser, toute l’organisation des productions langagières. Il est évident qu’ils seront plus intéressés d’apprendre l’anglais que le français, en tenant compte des statuts de chacun des deux langues dans le monde et sur le « marché » linguistique.
Il faut donc à l’enseignant trouver une somme d’arguments convaincants pour stimuler l’intérêt des étudiants envers la langue française. Et ceci en permanence, pour garder leur motivation.90 Là aussi, on peut « jouer » sur un aspect de la richesse culturelle, sur une affection des Russes pour la capitale française, pour un style de vie des Français (souvent imaginé d’après les films vus à la télé, au cinéma ou d’après les articles des magazines illustrés). Les jeunes russes considèrent la mode française comme canon de la mode. Les filles françaises sont réputées en Russie comme les plus charmantes au monde, et les hommes français font tous rêver. Enfin, la langue française est ici synonyme d’«amour ». Les Russes admirent les chanteurs classiques tels que Jo Dassin, Claude François, Dalida, et modernes – Patricia Kaas, Milène Farmer, etc., aussi bien que des acteurs faisant une carte de visite de France – Pierre Richard, Jean-Paul Belmondo, Alain Delon, Gérard Depardieu, Sophie Marceau, etc. Les représentations méritent toujours d’être prises au sérieux, car elles constituent un bon départ pour mettre au point des politiques linguistiques portant sur l’image des langues.91
L’attitude de A. Joyandet, le nouveau Ministre français de la Francophonie, peut également servir de soutien dans l’activité de la remontée du prestige de la langue française. Ce premier est prêt à promouvoir le français, en menant sa bataille pour le faire respecter comme langue de travail dans toutes les organisations internationales. Il est fier de constater qu’actuellement, aux Jeux olympiques, le français est la seule langue officielle avec l’anglais.92
Le caractère polyculturel de l’enseignement du FLE exige l’introduction dans son contenu de nouveaux matériaux socioculturels et sociolinguistiques.
Voir le paragraphe suivant, pour plus de détails.
CALVET L.-J., « Le Français, langue féminine ? », dans: Pradal F. (réd.), Le Français dans le monde, n°358, juillet-août 2008, p.54.
JOYANDET A., « Les Professeurs de français… », op. cité, p.9.