1.2.1. La notion de motivation comme un des facteurs clés dans le processus d’apprentissage

Dans son sens le plus général, la motivation est un concept utilisé en psychologie pour tenir compte des facteurs qui déclenchent les conduites; elle peut être définie comme « un principe de forces qui poussent les organismes à atteindre un but ».93

Dans le domaine de l’apprentissage, on admet que la motivation joue un grand rôle et qu’elle détermine la mise en route, la vigueur ou l’orientation des conduites ou des activités cognitives et fixe la valeur conférée aux divers éléments de l’environnement. Le désir pour le savoir est bien un processus multiforme, biologique, psychique, culturel: il conduit l’apprenant à donner du sens à ce qu’il apprend, ce qui augmente en retour sa motivation.

Mais la notion de motivation recouvre essentiellement des éléments cognitifs et affectifs. Elle est le résultat de l’interaction entre des facteurs extérieurs (les multiples éléments de l’environnement jouant un rôle stimulant ou bloquant: milieu familial, société, projets professionnels) et la personnalité, l’état interne (besoin et intérêt qui maintiennent l’attention et l’esprit en éveil malgré les difficultés cognitives qui surgissent). On nommera la première motivation externe, très fréquente comme déclencheur de l’apprentissage (rencontre, séjour) mais fragile, et la seconde motivation interne, plus solide, liée au plaisir d’apprendre, à la curiosité, à la création où il serait souhaitable d’ancrer l’apprentissage car elle sert de support à l’attention et à la mise en mémoire de connaissances nouvelles. Pour se maintenir, cette motivation doit être reconnue et entretenue à court terme: dans tout apprentissage, et dans celui des langues en particulier, la perception que l’apprenant a de soi et celle qu’il se fait de la situation d’apprentissage sont des facteurs importants. Aussi les renforcements positifs, les appréciations consolidant la confiance et la réussite joueront-ils le rôle de stimulants dans le processus d’acquisition, même si récompenses et encouragements ne suffisent en aucun cas à déclencher « l’irrésistible envie d’apprendre » (Skinner). La notion de rentabilité, d’utilité des activités qu’il entreprend à long terme (parfois difficile à jauger, comme c’est souvent le cas dans un pays où la langue seconde n’est pas parlée) est, elle, déterminante. Aussi l’apprenant met-il en place des moments de bilan, un processus d’évaluation, en attribuant ses résultats à des facteurs contrôlables: connaître à court terme l’utilité d’une activité, pouvoir mesurer ses efforts, évaluer la difficulté de la tâche, compter sur la chance. Continuer à saisir et à traiter l’information ou cesser de le faire dépend de cette évaluation.

Si l’étudiant n’a pas de but précis, il ne pourra pas valoriser une activité d’apprentissage ou l’enseignement qui lui est dispensé.94

Notes
93.

CUQ J.-P. (dir.), Dictionnaire de didactique du français…, p.p.170-171.

94.

WILLIAMS F.,« Étude de la motivation d’étudiants universitaires américains pour l’apprentissage du français. Thèse », dans: Morin I. et Tillier A. (réd.), Le Français dans le monde, n° 360, 2008, p.77. Voir aussi le paragraphe 5. 0. Des facteurs sociaux influençant la motivation d’apprentissage chez les étudiants de l’université pédagogique russe de la présente partie.