Nous employons ici le terme socioculturel comme union des notions social et culturel, ce qui représente deux différentes facettes de l’univers du FLE dont la maîtrise est indispensable aux étudiants russes se trouvant dans une situation exolingue, s’ils souhaitent réellement apprendre à communiquer dans cette langue . Ceci ne contredit point à trois types de compétences à former énoncés ci-dessus,95 mais les concrétise, en fonction d’une situation donnée.
Dans notre cas, les matériaux sociolinguistiques peuvent être représentés par des textes, si le contenu de l’enseignement englobe des échantillons de l’oral, des variantes des styles parlé et officiel, des exemples des conversations téléphoniques menées entre les francophones (Français, Belges, Canadiens, Suisses), des abréviations employées dans la communication électronique. Le discours écrit d’Internet se rapproche stylistiquement de l’oral, mais c’est un style indépendant. Il existe un terme spécial – netiquette réunissant deux mots: Net et étiquette, et caractérisant des normes du savoir-dire adoptées sur Internet. Par exemple: Bonjour à toutes et à tous; Cordialement/ Salutations, A+.
Des matériaux socioculturels doivent être représentés par des textes parlant des réalités des pays francophones et des normes de la communication adoptées dans ces pays. La compétence socioculturelle sous-entend un ensemble de savoirs, de savoir-faire, d’aptitudes et de qualités personnelles assurant une communication interpersonnelle dans une langue étrangère en accord avec des normes linguistiques et langagières et conformément à des traditions culturelles des locuteurs natifs.
Nous autres qui sommes centrés sur l’enseignement du FLE à l’université pédagogique, parlerons en même temps de la compétence socioculturelle à visée professionnelle. Dans ce cas, la définition ci-dessus sous-entend - en plus - un ensemble de savoirs, de savoir-faire, d’aptitudes et de qualités personnelles assurant une communication professionnelle en FLE, dans le cadre de notre recherche, en accord avec des normes linguistiques et langagières et conformément à des traditions culturelles des locuteurs natifs. Il s’agit de former des enseignants de français d’un haut niveau, dont la maîtrise de la langue se rapproche au maximum de celle des francophones.
L’introduction à l’école des notions sociolinguistiques et socioculturelles des principales civilisations francophones - de la France, de la Belgique, du Canada, de la Suisse - comme partenaires de communication professionnelle, servira de base à un enseignement successif du FLE à l’université. C’est pourquoi, à l’école, les textes doivent représenter des unités linguistiques, pragmatiques et socioculturelles employées dans la communication de tous les jours: des variantes lexicales et phraséologiques des pays francophones, telles que bienvenue au Canada = je vous en prie en France = s’il vous plaît en Belgique; des unités phraséologiques, comme, par exemple, se mettre en quatre, dire ses quatre vérités; synonymes stylistiques du style parlé et livresque, par exemple: agréable = chouette, super; travail = boulot; abréviations du type pq (« pourquoi »), pqe (« parce que »); des clichés de la communication électronique, par exemple: Peux-tu me dire…/ Hélas, je ne peux pas…/ Si tu as des questions, tu peux…/ Qu’est-ce que cela veut dire, à ton avis… / Je m’excuse de… A + Bises…; des réalités propres à tel ou tel pays (la France, la Belgique, le Canada, la Suisse): helvétique, anglophone, Québec, etc.
Ainsi, le spécialiste russe doit savoir qu’en écrivant à ses locuteurs francophones un e-mail ou en leur laissant un message sur le répondeur le 24 décembre, il convient de souhaiter Joyeux Noël à la fin et de ne pas espérer une réponse immédiate.
Mentionnons que parmi les unités linguistiques, langagières et socioculturelles, ce sont celles du deuxième et du troisième type qui sont les plus importantes à maîtriser dans les buts communicationnels.
Voir la page 70.