Comme on a déjà mentionné plus haut, l’enseignement en deuxième étape et en deuxième année, en particulier peut être organisé suivant le principe de différenciation des aspects. Ainsi, comme nous l’avons vu, la discipline « La Pratique de l’oral et de l’écrit en français » peut être subdivisée, à son tour, en plusieurs sous-disciplines ayant chacune un objectif spécifique.
Une attention particulière est réservée, à cette étape, au développement des bases de savoir-faire de la parole spontanée (monologique et dialogique) en FLE. Dans ce contexte, référons-nous à R. Bouchard 106 qui a fait une distinction entre deux méthodes: dialogale (s’appuyant sur des constructions livresques) et dialogique (fondée sur l'interaction verbale authentique) prévoyant: une initiation à la macrosyntaxe des éléments associés, des phénomènes de restriction et de leur marquage mélodique; un apprentissage des introducteurs de thème, des présentatifs comme des éléments de reprise et en particulier du « ça »; un apprentissage des marqueurs de structuration de l'oral, permettant une ponctuation clarifiant l'organisation parataxique.
R. Bouchard est persuadé que la « pédagogie dialogique se développera surtout si on donne à entendre - tant dans les dialogues modèles que dans les pratiques de classe - le processus de production orale comme une stratégie d'intervention, intégrant la parole d'autrui et laissant une place pour celui-ci dans la dynamique des énoncés du locuteur.Sans oublier, bien sûr, de former des pratiques et des savoir-faire de la parole écrite, ainsi que de toutes autres types d’activités langagières dans le cadre du matériel d’apprentissage confirmé par des programmes officiels aux niveaux linguistique et celui de contenu. »107
F. Cicurel considère une « compétence dialogale » comme la cinquième compétence:108 pour pouvoir communiquer, il ne suffit pas d’avoir une compétence en langue, il faut posséder aussi une « compétence conversationnelle » (ou compétence interactionnelle). L’accent est mis sur la gestion de la parole: savoir quand et comment prendre la parole, sans la monopoliser, et ne pas rester silencieux non plus, comment proposer/introduire un thème ou en changer, bref connaître un certain nombre de règles de conversation. La compétence dialogale implique également de pouvoir distinguer dans quel type d’interaction on se trouve (réunion professionnelle, conversation dans un café, achat d’un objet, discussion pendant une promenade, échanges entre amis dans un avion, interview, etc.) et que l’on comprenne comment se font la gestion de la parole, l’introduction et le maintien du thème, que l’on sache qui peut poser des questions, qui ferme la conversation, etc. A côté des éléments classiques de progression liés à la langue, on trouve communément dans la didactique de langues des actes de langage comme: se présenter, inviter, refuser, etc. Cette approche est aujourd’hui familière également aux professeurs russes de FLE car les méthodes ont incorporé dans leur sommaire des contenus communicatifs qui se déclinent en intentions de communication et en contextes.
Le dialogue est un support d’apprentissage qui a l’avantage de représenter une instance communicative entre divers personnages dans des situations variées. Ces dialogues constituent - par leur abondance et leur diversité - un impressionnant vivier de situations d’échange, de personnages d’âges divers et d’appartenance sociale et professionnelle variée. A travers des dialogues auxquels les auteurs tentent de donner un caractère réaliste, on a l’occasion de rencontrer des paroles proférées dans un large spectre de contextes sociaux. Il s’agit d’un renouvellement du genre dialogue didactique.109 Ces dialogues de méthodes représentent des interactions orales entre deux ou plusieurs personnages. Il s’agit d’une fiction créée par les auteurs mais où le souci d’imitation du réel est manifeste. La véritable visée d’un dialogue consiste à donner une image de la communication en langue cible. Les nombreux dialogues de méthodes par lesquels l’action est incarnée préparent l’apprenant à s’engager dans l’action réelle. La très grande variété des situations que ces dialogues présentent permet d’arriver à faire des typologies d’interaction et de constituer alors non pas une application des théories du langage mais un corpus qui ferait avancer la connaissance des rituels sociaux.
En deuxième année de FLE de l’université pédagogique, il s’agit de poursuivre le travail commencé l’année précédente, notamment de développer davantage des savoir-faire de base concernant les façons d’entamer, de maintenir et de clore un dialogue. L’enseignement des savoir-faire monologiques se fait également dans le cadre du dialogue.
Voir: BOUCHARD R., « De l'Enseignement de la langue orale à l'entraînement aux pratiques dialogiques », dans: LIDIL. L'Interaction en questions, Grenoble, Presses Universitaires de Grenoble, n°12, septembre 1995, p.115.
Idem.
CICUREL F., « Pour une compétence dialogale », dans: Morin I. et Tillier A. (réd.), Le Français dans le monde, n° 360, 2008, p.p.21-23.
CICUREL F., « Pour une compétence dialogale », dans: Morin I. et Tillier A. (réd.), Le Français dans le monde, n° 360, 2008, p.p.21-23.