Conclusion partielle

Insistons sur la continuité et la cohérence du processus d’enseignement dont chaque composant se base sur le précédent et prédétermine le suivant.

La deuxième étape d’enseignement/apprentissage que nous avons généralement analysé, n’est qu’un élément - quoique indispensable - d’un système strictement organisé et n’a de valeur qu’au sein de ce système. C’est pourquoi, mentionnons ici rapidement d’autres étapes du processus de formation des pratiques et des savoir-faire communicationnels à l’université pédagogique.

La troisième étape (troisième année d’apprentissage) sert à perfectionner les pratiques et les savoir-faire acquis en première et en deuxième années, en sous-entendant certaines restrictions stylistiques.  « La Pratique de l’oral et de l’écrit en français» prend en partie la place réservée auparavant à la phonétique et à la grammaire. On commence à étudier d’une façon systématique les styles fonctionnels du français.

La quatrième étape englobe les quatrième et cinquième années d’apprentissage. On ne l'analysera pas ici en détail.

L’organisation du processus d’enseignement/apprentissage dépend du caractère, de la variété et de l’étendue du matériel sélectionné, ainsi que de la distribution de ce dernier selon les disciplines et les étapes d’apprentissage.

En Russie, les didacticiens des langues respectent certains principes de sélection du matériel d’enseignement. D’une part, il doit correspondre aux composantes du système linguistique, c’est-à-dire on sélectionne le matériel grammatical, phonétique et lexical. D’autre part, il faut que le matériel sélectionné soit adapté aux types d’activités langagières (la parole, la réception, la lecture et l’écriture). Le problème central à résoudre est de définir l’unité de sélection et de décider d’une quantité indispensable de ces mêmes unités à assimiler. Suivant les traditions didactiques, on considère comme unités de sélection les éléments structuraux du système linguistique et certains phénomènes indépendants indispensables du point de vue pratique. Au niveau phonologique, il s’agit des phonèmes et d’allophones, des tendances actuelles de la réalisation des voyelles et des consonnes françaises, des aspects statique et dynamique de l’articulation et de ses particularités typologiques par rapport au russe, des modèles d’intonation pour les phrases de différentes catégories, des phénomènes de l’assimilation et de la palatalisation, etc. Au niveau grammatical, ce sont des catégories grammaticales et des moyens linguistiques de leur réalisation (le système de relations temporaires et de formes verbales, la catégorie du genre/du nombre et le nom, l’adjectif, le pronom, les modèles syntaxiques des groupes de mots et des phrases). Du point de vue lexical, on sélectionne des mots et des groupes de mots figés et variables, indispensables pour une communication satisfaisante dans le cadre des thèmes étudiés, en fonction des étapes d’apprentissage.

Les sources de sélection du matériel linguistique sont diverses: des œuvres littéraires, la presse, la publicité provenant du pays dont on étudie la langue (de la France notamment). On fait recours également à différents ouvrages de référence, aux dictionnaires et – dans la mesure du possible – aux enregistrements de la parole authentique des natifs. Le matériel est présenté sous forme de textes ou d’unités d’apprentissage. La quantité d’unités sélectionnées est soumise au postulat que la partie productive du matériel linguistique à assimiler doit être beaucoup moins importante que sa partie réceptive. On a besoin de « bagages » lexicaux plus considérables pour bien comprendre son interlocuteur ou un texte inconnu que pour s’exprimer oralement ou par écrit. Le vocabulaire actif à assimiler doit être soigneusement travaillé surtout aux premières étapes.

Suivant le but d’apprentissage et les exigences des programmes universitaires, les futurs enseignants de FLE doivent maîtriser à la sortie environ 6000 unités lexicales (mots et expressions), les systèmes grammatical et phonétique de la langue étrangère. A chaque étape, on sélectionne certain minimum de matériel linguistique à apprendre, selon le principe d’extension concentrique. Ceci permet de réaliser les principes didactiques de succession et de système.

En première année, il s’agit de (re)travailler la grammaire et le lexique dans le cadre du programme scolaire, de (re)mettre à point des pratiques et des savoir-faire phonétiques. De plus, les apprenants s’enrichissent de 200 unités lexicales nouvelles liées à la vie estudiantine.

En deuxième étape, on assimile un matériel phonétique, grammatical et lexical considérable, suivant les principes fonctionnel et thématique. Du point de vue fonctionnel, il s’agit d’acquérir les savoirs et savoir-faire de base permettant d’entamer et de soutenir une communication ayant trait aux sujets de la vie quotidienne, aux réalités sociopolitiques, de parler sur le contenu d’un texte littéraire. Suivant les exigences du programme, vers la fin de sa deuxième année, l’étudiant doit assimiler environ 1200 unités lexicales du style courant.

En troisième et en quatrième étapes, on élargie la notion de « besoins communicatifs », en sélectionnant en quatrième étape des mots et des expressions dialectaux, familiers et terminologiques. Ces derniers ne sont pourtant pas le but d’apprentissage approfondi à l’université pédagogique.

Le principe thématique aide à sélectionner le matériel actuel et concret.

Les futurs enseignants ont besoin de bien connaître leur pays natal et le pays dont ils apprennent la langue.110 Chaque sujet est donc interprété des deux points de vue, en même temps. Ceci permet également de comparer différentes façons d’exprimer ses idées dans les deux langues. Il s’agit d’une étude linguistique comparative dans les contextes culturel et historique.

Il est évident que seulement l’enseignant très compétent est en mesure de manipuler une si vaste étendue de sujets, de former progressivement toute une diversité de savoirs et de savoir-faire mentionnés ci-dessus . Nous en parlerons dans les chapitres suivants.

Notes
110.

Cf: Stranovédénié i prépodavanié rousskogo iasika inostrantsam. Sbornik, Moskva, M.G.U., 1972.