3. 0. Certaines particularités de l’enseignement du FLE dans une université pédagogique russe

A la faculté de langues de l’Université pédagogique de Vologda étant notre université de référence, on forme d’habitude deux groupes de FLE, ayant environ douze personnes chacun. De ce point de vue, il est facile de les réorganiser, selon le type d’activité, en petits groupes de deux, trois, quatre ou même six personnes.

Compte tenu de la situation analysée, il convient, à notre avis, de placer à côté du paramètre « exolingue » concernant le milieu d’apprentissage, un autre paramètre, tout aussi fondamental – la situation sociolinguistique de l’enseignant. Comme nous l’avons déjà constaté ci-dessus, l’enseignant non natif avait vécu lui-même l’expérience de l’apprentissage de la langue qu’il enseigne. Il a ainsi, d’une part, une conscience plus nette des obstacles à franchir et d’autre part, il en a conservé un sentiment d’insécurité linguistique qui le rend particulièrement soucieux du respect d’une norme qu’il n’ose pas transgresser. Sa marge de manœuvre linguistique est plus réduite, et il ne pourra pas s’autoriser d’improvisations aussi libres que son collègue natif. Il ne maîtrise qu’en partie l’aspect pragmatique du langage ou l’organisation des stratégies conversationnelles. Il est évident que même si l’enseignant non natif adopte avec enthousiasme les approches « communicatives », celles-ci ont souvent risque de se réduire à un répertoire d’énoncés proposés purement et simplement à la mémorisation des apprenants, le milieu hétéroglotte n’offrant pas à l’apprenant la possibilité de l’élargir.

L’enseignement du FLE en Russie se heurte souvent au problème d’un nombre restreint d’échantillons de la parole authentique sous toutes ses diversités. On s’appuie en premier lieu sur des documents écrits ou des textes de manuels, et seulement ensuite sur quelques enregistrements audio et vidéo. La présence des locuteurs natifs sur place n’est pas de règle, quoique elle devienne heureusement de plus en plus fréquente.