5. 0. Des facteurs sociaux influençant la motivation d’apprentissage chez les étudiants des universités pédagogiques russes

Le besoin social est une des composantes de la motivation en général. Les motifs professionnels peuvent être envisagés comme faisant partie des besoins sociaux, notamment: maîtriser parfaitement (comme les locuteurs natifs) la langue étrangère - le FLE dans notre cas - et l’enseigner aux autres.

On constate que chez un nombre assez important d’étudiants-futurs enseignants le motif de maîtriser parfaitement la langue prévaut sur les motifs pédagogiques. Le fait s’explique facilement. Les enseignants en Russie sont mal payés, malgré ce que souvent, ils sont surchargés de travail (5 ou 6 heures de cours tous les jours de la semaine, un travail de soutien supplémentaire, de nombreuses copies à contrôler, le planning des cours à préparer pour le lendemain, etc.). En résultat, ce métier n’est pas très coté. Les sortants des universités pédagogiques préfèrent devenir traducteurs, interprètes, etc., plutôt que d’être professeurs de langues à l’école. Les jeunes choisissent d’entrer à l’université pédagogique, parce qu’il est plus facile d’y être admis qu’à la faculté linguistique d’une université à profil général. Le fait que les enseignants hommes sont rares, motive souvent ceux parmi les jeunes qui souhaitent à coup sûr éviter leur service militaire obligatoire dès 18 ans, à entamer la carrière de l’enseignant de FLE: admis sans peine à l’université, ils se sentiront « libres » au moins pendant un an. En même temps, les personnes qui échouent lors de leurs concours d’entrée à la section d’anglais ou d’allemand de l’université pédagogique, choisissent la section de FLE où le concours est moins important. En résultat, on se trouve en présence de deux groupes de FLE comprenant de dix à douze personnes chacune et dont les niveaux se distinguent considérablement: les étudiants du premier groupe ont étudié le français durant toute la période de l’école secondaire, tandis que ceux du second ont des bases de LE autre que le français. De plus, les universités pédagogiques acceptent en priorité les étudiants venus de la campagne, pour que ces derniers retournent ensuite enseigner chez eux. Mais très souvent, les jeunes spécialistes s’installent définitivement en ville. A la faculté de langues, dans chaque groupe, surtout dans ceux qui se spécialisent en FLE, la plupart d’étudiants sont issus de la campagne. Il se peut que la situation change prochainement, suite à une expérience menée depuis l’année 2006 aux écoles secondaires par le Ministère de l’Education nationale à travers toute la Russie. L’idée est que les notes obtenues aux examens de bac en mathématiques et en russe seront valables pour les concours d’entrée aux universités. Si la personne souhaite, elle peut aussi passer d’autres examens à la fin de l’école secondaire (la biologie, la physique, l’histoire, la langue étrangère, etc.) pour que leurs résultats soient également pris en compte lors d’un concours d’admission universitaire. Cette pratique s’appelle l’Examen d’Etat Standard. Elle peut augmenter les chances des jeunes citadins par rapport aux habitants de la campagne, en égalisant leurs possibilités.

Actuellement, à la sortie de l’université, deux personnes sur dix (sinon quatre sur tous les promus de la section française) au maximum entament chaque année leurs carrières d’enseignants de langues, tous les autres s’arrangent pour « intégrer » leurs diplômes dans n’importe quel secteur. Ils deviennent, par exemple, secrétaires, guides touristiques, bibliothécaires, archivistes, etc. Ou femmes au foyer. En même temps, les enseignants de langues manquent un peu partout dans les régions de la Russie. Pour remédier en partie à ce problème, à l’Université Pédagogique de Vologda, par exemple, on a commencé à introduire activement cette belle langue dans d’autres facultés. Ainsi, on forme les enseignants de russe qui auront, en même temps, les diplômes d’enseignants de FLE.

Dans les années 90, il existait encore l’obligation de travailler pendant trois ans après l’université dans une des écoles de campagne proposée (imposée ?) par les représentants régionaux du Ministère de l’Education Nationale dans l’intention d’équiper au maximum le secteur secondaire des spécialistes manquants. L’Etat se faisait de cette façon récompenser d’avoir offert à tous ces jeunes enseignants cinq ans d’études universitaires gratuites. Aujourd’hui, chacun peut disposer de soi-même et le problème d’une insuffisance catastrophique d’enseignants reste d’actualité plus que jamais, à côté d’un chômage non-négligeable à travers le pays.

Compte tenu de cette situation, il faut appliquer beaucoup d’efforts supplémentaires pour former les motifs adéquats aux buts de l’université pédagogique. On doit également stimuler l’intérêt cognitif des étudiants en les confrontant en permanence à la résolution des problèmes d’apprentissage. L'acquisition de l’autonomie se réalise à travers la volonté de devenir sujet d’apprentissage afin de participer activement à l’appropriation des pratiques et des savoir-faire indispensables. Les futurs professeurs en ont absolument besoin en tant que personnes censées transmettre des savoirs et des savoir-faire acquis à leurs futurs élèves, tout en développant chez ces derniers les facultés de l’auto-apprentissage. Le caractère d’un travail autonome est conditionné par un niveau d’apprentissage et un objectif visé.