1. 3. Des choix de conventions de transcription

Tous les systèmes de transcriptions ont pour but de tenir un juste équilibre entre la fidélité à ce qui a été dit et la lisibilité de la transposition par écrit. Plusieurs équipes de recherche ont fini par partager le modèle proposé par l’équipe du GARS, de l’Université de Provence. Il est adapté aux recherches sur la syntaxe et l’analyse discursive. Nous nous y sommes aussi référés dans nos transcriptions, quoique non sans certains ajustements nécessaires en fonction des particularités des textes transcrits et le but de nos recherches. Nous trouvons ainsi indispensable de résumer ici les principes de base de ce modèle, après l’auteur des «Approches de la langue parlée en français»:204

  1. Distinguer au moins deux types de productions orales, qui seront transcrites différemment. Quand l’enregistrement permet d’identifier facilement les formes des morphèmes et de les transcrire avec une orthographe normée, la transcription en écriture orthographiée est possible. Le parler des étrangers maîtrisant mal le français impose la transcription phonétique comme la seule solution possible.
  2. La transcription orthographique adoptée par le G.A.R.S: la forme graphique des mots est celle des dictionnaires, y compris pour les majuscules sur les noms propres et les onomatopées (hum, pstt, ah eh ben, etc.); les non-mots (claquements de langue, rires, toux) ne figurent pas dans la transcription: on les indique éventuellement en note; les passages inaudibles sont notés par des X, avec, si possible, un X par syllabe; les amorces de mots, dans la mesure où elles sont interprétables, sont écrites avec un tiret; aucun trucage de l’orthographe n’est admis, même pas le procédé qui consiste à mettre une apostrophe pour signaler qu’une voyelle/consonne graphique, habituellement prononcée, est absente, l’apostrophe indique une élision obligatoire.
  3. Les particularités de prononciation, transcrites en alphabet phonétique, gênent énormément la lecture; il est plus commode de les mettre en notes de bas de page.
  4. Si on hésite entre deux transcriptions également plausibles, il est logique de mettre les possibilités concurrentes entre barres obliques et de les séparer par une virgule; l’interprétation la plus plausible est placée en premier. On note aussi entre barres obliques les cas où l’on peut aussi bien entendre un élément que rien du tout (symbolisé par Ø). Il est commode de noter entre parenthèses les marques orthographiques de fin de mot dont on n’est pas sûr (leur(s) volonté(s), il(s) travaille(nt)), ainsi que les ne de négation qui se confondent avec une liaison en n- (on (n’) ose pas).
  5. Il est utile de noter les chevauchements de parole des locuteurs en soulignant les passages.
  6. La ponctuation forme un système autonome de démarcations graphiques, qui n’a pas de correspondances directes avec les faits de prononciation. Les situations de la langue parlée ont leur propre système de pauses, en fonction des types de locuteurs, des places dans des situations très différentes. Les pauses courtes sont transcrites par un tiret, et les pauses longues par deux tirets. Lorsque nous mettons de la ponctuation dans une transcription de l’oral, nous nous appuyons davantage sur l’intonation. Il est difficile de ponctuer une production orale au moment de la transcription. Dans les transcriptions faites pour l’étude, l’équipe du GARS a choisi de ne pas mettre la ponctuation, qui préjugerait trop vite de l’analyse à faire. Une fois analyse établie, et surtout pour un public de non-spécialistes, on peut fournir un texte ponctué.
  7. Il est compliqué de transcrire les paroles rapportées, introduites par écrit au moyen de deux points.
Notes
204.

BLANCHE-BENVENISTE C., Approches de la langue parlée…, op. cité, p.p.28-34.