9. 1. 1. Organisation « macro », « méso » et « micro »

Une fois que l’échange s’est engagé, il doit se dérouler selon un certain scénario, ou « script », en relation avec les « rôles » qu’il implique (à chaque rôle correspond un certain nombre de tâches). A chaque « genre » (type d’activité ou d’événement communicatif) correspond un script, qui peut être plus ou moins précis ou contraignant selon les cas.

Toute interaction se présente d’abord, nous fait part C. Kerbrat-Orecchioni, comme une succession de tours. Mais à un niveau plus abstrait, elle est constituée d’unités emboîtées les unes dans les autres, de la plus grande (l’ensemble de l’interaction) à la plus petite (l’acte de langage), en passant par ces rangs intermédiaires que sont les « séquences », les « échanges » et les « interventions ». Ce modèle à cinq rangs lui semble le plus approprié pour décrire l’organisation des interactions envisagée en général.

Pour montrer un cas particulier, C. Kerbrat-Orecchioni se réfère aux analyses des interactions en classes de langue effectuées par R. Bouchard:259 après avoir rappelé qu’un cours est en principe « pré-organisé » (c’est-à-dire planifié par l’enseignant), mais qu’il ne l’est que partiellement (certains moments sont laissés en blanc, et d’autre part cette organisation préalable est soumise à des aléas susceptibles d’en modifier le déroulement prévu), il montre la nécessité de distinguer entre le niveau supérieur du cours et le niveau inférieur des échanges et des interventions, quatre rangs intermédiaires d’unités caractérisées par des propriétés spécifiques, à savoir les « activités », les « phases », les « épisodes » et les « étapes » (certaines de ces unités pouvant être discontinues ou « bissées »).260 A tous ces niveaux l’organisation a priori doit être distinguée de la gestion à chaud, la construction de ces différentes unités admettant la possibilité de négociations, mais à des degrés divers selon leur niveau de souplesse (les plus souples étant les « étapes », qui peuvent même être initiées par l’apprenant).

Les négociations peuvent également affecter, précise C. Kerbrat-Orecchioni, ces unités de rang inférieur que sont les échanges et leurs constituants. Traditionnellement défini comme « la plus petite unité dialogale », l’échange est pour l’ADI l’unité-vedette, car c’est avec l’« échange » (au sens technique) que commence l’échange (comme activité dialogale). Comme on l’a vu, un échange se compose normalement de deux interventions au moins, dont la première est dite « initiative » et la seconde « réactive ». Une intervention s’organise autour d’un acte « directeur » (qui lui donne sa valeur pragmatique globale, et qui doit normalement servir de base à l’enchaînement); cet acte directeur peut éventuellement être accompagné d’un ou plusieurs actes « subordonnés ».

Notes
259.

BOUCHARD R., « Le « Cours », un événement « oralographique »… », op. cité, p.p. 64-74. Voir ci-dessous pour plus de détails.

260.