1. 8. Le modèle de R. Bouchard 284

Entre le rang supérieur de l’incursion et celui de l’échange, inclus, R. Bouchard distingue donc quatre rangs pédagogiques intermédiaires permettant de nuancer la seule transaction postulée par Roulet et al.: les activités, les phases, les épisodes et les étapes (chacune pouvant se réaliser a minima par un seul échange). De son côté, par exemple, C. Kerbrat-Orecchioni (2004) a proposé les trois rangs « intermédiaires »: épisodes > phases > séquences. D’ailleurs, aucune étiquette ni aucun nombre de rangs intermédiaires ne s’impose a priori.

R. Bouchard remarque que l’unité sociale « incursion » et l’unité disciplinaire « cours » se superposent. Une telle « séance » peut être composée de plusieurs « moments » didactiques complets ou incomplets. Ces moments peuvent se décomposer eux-mêmes en activités que R. Bouchard définit comme des unités consacrées, au sein d’une même discipline, à des contenus nettement différenciés. Ces unités, portant sur des thèmes distincts, ont donc des clôtures très marquées. Elles sont de nature oralographique (p. ex., les éventuelles fiches de préparation), car programmées par l’enseignant et facilement reconnaissables.

R. Bouchard souligne la nature « oralographique » des interactions pédagogiques, c’est-à-dire le rôle qu’y joue non seulement l’interaction orale – comme dans la conversation à bâtons rompus – mais aussi des activités d’écriture et des écrits structurels. Ceux-ci précèdent les échanges verbaux, les suivent, les scandent et les accompagnent en adoptant des formes et des genres variés. Cette caractéristique oralographique est commune à tous les évènements pédagogiques. L’écrit omniprésent devient un outil indispensable de stockage et de traitement des données d’apprentissage, en exerçant ainsi des fonctions didactiques. L’oral interstitiel entre deux écrits est sous-tendu par des écrits de référence (le manuel, le programme, etc.) et les écrits « intermédiaires » (les inscriptions magistrales au tableau, en fin d’« épisode » et les « prises de notes » correspondantes, « spontanées » des étudiants).

R. Bouchard affirme que c’est cette double modalité de l’exposition linguistique qui différencie apprentissage en classe et acquisition sociale de langue étrangère en rendant saillants par exemple des phénomènes morphologiques difficiles à saisir sous leur seule forme orale.

Notes
284.

BOUCHARD R., « Le « Cours », un événement oralographique… », op. cité, p.p.64-74.