1. 8. 1. Des unités de l’« action » et les « constituants immédiats » de la phase

Les activités peuvent avoir des durées très variées: un exercice fait en salle d’études et sa correction ou un débat, une séance-conversation.

Selon le modèle de R. Bouchard, une activité se segmente en phases programmées par l’enseignant et ayant une durée significative. Dans l’activité portant globalement sur la tâche d’interprétation d’un document authentique, il y a une phase de recherche collective de la signification du document, suivie d’une autre phase de « décryptage » collectif du contenu du texte, puis une troisième de notation des éléments à retenir, constituant a posteriori la leçon du jour. Chacune de ces trois phases qui s’enchaînent est caractérisée par un type d’organisation du travail et un degré différent d’autonomie laissé aux étudiants.

Les unités praxéologiques de type «activité » et « phases » sont des unités de l’« action » qui correspondent aux unités de planification préalable, constitutives de l’interaction didactique, comme « activité » (« action » et « activité » au sens de Filliettaz 2005285), finalisée et asymétrique.

Au cours de la phase d’étude d’un texte en langue étrangère, on peut constater l’existence d’épisodes 286 qui sont les « constituants immédiats » de cette phase annoncée globalement dans un premier temps. R. Bouchard propose de nommer « épisodes » ces composants de la phase qui sont ainsi rendus prévisibles sans ordre linéaire imposé. Ils ne sont pas séquentiellement programmés. Leur ordre et même leur réalisation dépendent de l’importance que leur accordent, à chaud, les participants de l’interaction, c’est-à-dire non seulement l’enseignant mais aussi et surtout les apprenants. Ces épisodes peuvent être abandonnés momentanément pour être repris plus tard contrairement aux activités et aux phases qui se réalisent d’un seul tenant.

R. Bouchard constate que l’objet – texte – en tant qu’ensemble complexe, « cadre » chaque épisode de l’interaction. Seuls les éléments qui les composent peuvent de plein droit être thématisés tour à tour dans l’interaction et ce changement de sous-objet permet à l’enseignant d’opérer simultanément un changement d’interlocuteur-acteur. Les épisodes relèvent d’une même organisation globale du travail. Ils sont plus ou moins indépendants et leurs conclusions/institutionnalisations sont faibles. L’enseignant peut répéter la réponse de l’apprenant sans la prendre en charge, mais en la donnant à entendre simplement comme le résultat d’un épisode momentané du travail collectif.

Les épisodes prennent la forme d’un échange, libre, simple ou complexe. Leur bornage est constitué par le tour de parole de l’enseignant au sein duquel se succèdent, la prise en compte de la réponse de l’épisode (x) et la question ouvrant l’épisode (x + 1). Par exemple:287

‘1P okay
so I’m going to show you this picture here you’re going to describe it to me
…………………………………………………………………………………
122P can you imagine what you know this man here INDIQUE 0 +
what can he say you know in the balloon I’m going to give you
the paper and you can write in it as well, can you imagine what
can you know farmer say to his friend
Distribue une feuille aux élèves
…………………………………………………………………………………...
194P all their cows all all hmmm OK this so that’s OK yeah’ OK
then you can take your copy book now
you know after you know we’re going to write the lesson in a copy book
and then I’m going to give you the real picture with the you know the real text
and you’re going to see you know what he says’

Les épisodes ne sont qu’en partie explicitement prévus et peuvent avoir une durée variable mais relativement courte. C’est, selon R. Bouchard, un des critères de distinction avec la phase où se traite un problème ou une tâche plus globale.

Notes
285.

FILLIETAZ L., « Mise en discours de l’agir et formation des enseignant. Quelques réflexions issues des théories de l’action », dans: Le Français dans le monde, juillet 2005, p.p.20-31. Voir ci-dessous.

286.

BOUCHARD R., « Le « Cours », un événement oralographique…», op. cité, p.70.

287.

BOUCHARD R., « Le « Cours », un événement oralographique…», op. cité, p.p.70, 65.