1. 8. 3. La diversité des réalisations et des combinaisons des unités et des rangs de l’interaction pédagogique

R. Bouchard raisonne que si l’enseignant se doit fonctionnellement d’expliciter son interprétation de ce qui se passe et d’indiquer sa (re)structuration, il n’en est pas de même pour les apprenants, qui acceptent de se laisser entraîner par l’enseignant dans les méandres de la séance didactique dont les moments et le but ne leur sont que rarement indiqués à l’avance.

Cependant, d’après R. Bouchard, ces grandes unités, ouvertes et fermées explicitement par l’enseignant, sont reconnues par la plupart des étudiants à qui elles sont ostensiblement signalées. Les apprenants ont la possibilité, au sein de ces unités, de réinterpréter partiellement la tâche proposée sans que la structuration en termes d’unités constituantes ou constituées soit forcément transformée.

R. Bouchard en déduit que ces éléments d’organisation de différents rangs « intermédiaires » de l’événement pédagogique, sont des constituants à part entière de l’interaction qu’ils contribuent fortement à construire en particulier dans ses grandes unités. L'opération continue de structuration effectuée par l'enseignante passe en grande partie par la façon dont il introduit puis clôt les activités successives (phases, épisodes, etc.). C'est donc dans les transitions qu'on en trouve la trace la plus nette. La notion de « transition » plutôt que de frontière permet, selon R. Bouchard, de montrer le déploiement temporel du passage d'une phase à une autre, au cours duquel les participants vont peu à peu s'orienter vers la phase en train d'être introduite.

Les transitions entre les moments successifs de la phase sont moins marquées que celles entre phases, remarque R. Bouchard: l'enseignant attend une proposition en réponse à la question, proposition qui est ensuite co-élaborée avec son auteur ou avec le groupe, puis elle peut éventuellement être inscrite au tableau, le même déroulement sera repris pour la proposition suivante.

C’est de cette façon que R. Bouchard a présenté la variation qualitative des unités analysées en fonction du degré de dévolution accordé aux élèves:

- Phases

Episodes

+ Tâches

Nous avons déjà constaté que les unités de rang supérieur dépendent plus de l’action enseignante que les unités méso et micro.

D’après R. Bouchard, le changement qualitatif peut accompagner la variation quantitative au niveau de la taille des unités et/ou rang. Ainsi, une activité peut se réaliser comme l’enchaînement: phases + épisodes + phase; épisodes + phases; phases + épisodes magistraux + tâches. Variation qualitative peut être indexée à d’autres variations: lien avec le nombre d’apprenants concernés, lien avec les types d’enseignement, des genres particuliers propres à certains « moments » de certaines didactiques (tâche et débat/jeu de rôle/rédaction coopérative; épisode et classe-conversation/moment préalable à la « présentation »). Et pour la didactique des langues, il s’agit d’un lien avec les artefacts (fiche de préparation, fiche de TP, tableau de synthèse rempli à posteriori), d’un lien avec les documents.