4. 0. Analyse du travail enseignant et conceptualisation de l’agir humain296

Le concept de l’action n’est pas nouveau. Le rôle déterminant y ont joué les modèles anglo-saxons de l’interaction verbale et le concept bakhtinien de genre, tous deux profondément ancrés dans une conception à la fois contextualiste et finalisée des mécanismes langagiers. Mais depuis quelques années, le concept d’action jouit d’une attention croissante de la part des spécialistes de l’enseignement des langues (comme, par exemple, F. Cicurel ou D. Véronique).

Le courant de l’analyse du travail accorde au concept d’action et au réseau sémantique qui en découle une importance cruciale, qui se manifeste par une exploitation heuristique de la distinction faite par les ergonomes entre la « tâche prescrite » et « l’activité réalisée » et par une attention centrale portée à l’exercice effectif et situé du métier. D’après Laurent Filliettaz, lactivité constitue à la fois le cœur du métier, l’énigme du travail, le lieu d’expression de l’identité professionnelle, la pierre de touche entre contingences organisationnelles et subjectivité individuelle. Elle forme une configuration complexe de conduites attestées, de « conflits vitaux », etc., dont la mise en circulation constitue un enjeu essentiel de développement des individus, des collectifs et des situations.

Aujourd’hui, constate L. Filliettaz, on ne dispose pas d’une théorie unifiée de l’agir humain, mais de « théories de l’action » multiples, émanant d’horizons disciplinaires variés. On a actuellement besoin d’un travail théorique de fond, qui, au-delà de controverses rarement productives, chercherait à mieux articuler les domaines disciplinaires qui contribuent à l’étude des processus praxéologiques, et ce en se dotant d’une sémiologie qui à défaut d’être complètement homogène et unifiante, aurait au moins le mérite d’être explicite.

Dans son article «Mise en discours de l’agir et formation des enseignants »,297 L. Filliettaz a analysé des éléments centraux du réseau conceptuel de l’agir, notamment les notions d’activité, d’action, de typification, de planification et d’intention.

Notes
296.

FILLIETTAZ L., « Mise en discours de l’agir…», op. cité, p.p.20-31.

297.

Idem.