1. 3. Les clôtures

La clôture du corpus 1 est équivalente à 73 tours de parole. Elle est très progressive et initiée par une question de l’enseignant qui vise systématiquement le déroulement de la thématique planifiée:

corpus 1.
457E: <…> euh: = donc euh: au total quelle est votre euh: enfin attitude à l'égard de ce: texte ? votre impression quand même↓? s'il vous plaît elle est positive↑ ou négative↑?
enfin ↑voulez-vous exprimer votre euh: vos ^impressions↓?
s'il vous plaît mad[e]moiselle↑ encore vous n'avez = rien dit c’est ^à vous
bon s'il vous plaît mhm <…>.’

Et c’est aussi l’enseignant lui-même qui met définitivement fin au polylogue, lorsqu’il le croit nécessaire:

corpus 1.
529E: <INT> <…> je crois que: je crois qu'il faut que vous vous ^habituiez ah n'est-ce pas ? euh: aux textes aux textes tout d'abord aux textes bien sûr qui contiennent euh: enfin le lexique vraiment nouveau pour vous d'une part et d'autre part qui contiennent euh: quelque chose d[e] nouveau comme le professeur professeur de français ah n'est-ce pas ? professeur professeur de français↓ = </INT>
d'accord merci
bon pour le moment nous arrêtons ça.’

L’enregistrement du corpus 2 s’arrête d’une manière inattendue, probablement pour des raisons techniques, sa clôture étant donc inachevée. Mais sa partie enregistrée contient déjà 8 tours de parole. Cette fois, c’est une apprenante qui est à l’origine de la clôture du polylogue. Le professeur avait l’intention de parler encore un peu des premiers enseignants de ses étudiants, tandis qu’une apprenante a décidé sur-le-champ de tirer une conclusion, en initiant la clôture, malgré elle peut-être:

corpus 2.
201A3: nos premiers↑
202E: <INT> eh bien</INT>
203A3: nos premiers professeurs nous ^a donné beaucoup↑
204E: <INT> mhm </INT>
205A3: et: et: et elles ^ont for- formé euh: euh: nos caractères et:↑
206E: <INT> mhm </INT>
207A3: nos vies↓
208E: oui oui c'est ça = mode d[e] vie même ah↑? d'accord
s'il vous plaît André↑ <l’enregistrement s’arrête brusquement>’

Dommage que nous ne puissions pas savoir ce que l’apprenant suivant a dit, faute de l’enregistrement interrompu. On peut supposer presque avec certitude que celui-ci ait continué dans le même esprit que sa camarade de groupe et l’enseignant ait été amené à clore le polylogue. On peut dire que dans ce cas, c’est l’enseignant qui « subit » la situation créée par son apprenante et y adapte son comportement ultérieur.

C’est pour cette raison aussi que le corpus 2 est moins long que le corpus 1, où c’était l’initiative de l’enseignant de terminer l’activité. Une apprenante du corpus 2 aurait senti une tension discursive survenue à un moment donné et a pris (intuitivement) la décision, pour sauver le déroulement du polylogue, de répondre à la question de l’enseignant d’une manière un peu détournée, en l’obligeant en même temps d’accepter l’idée de terminer l’interaction. Celui-ci a soutenu l’initiative de l’étudiante comme si c’était la sienne, en essayant toutefois de faire parler encore quelques personnes: juste avant l’arrêt définitif de l’enregistrement, il s’est adressé à un certain André.

Nous estimons que si l’apprenante ne s’était pas manifestée avec son initiative anticipée, l’enseignant aurait procédé avec une clôture progressive, similaire à celle que nous avons observée à la fin du corpus 1, et la longueur du second corpus aurait été plus importante que celle que nous avons finalement; puisqu’il est logique que la même activité prenne au moyen la même tranche du temps lors des cours similaires donnés par le même enseignant dans les groupes parallèles.