2. 3. 5. Organisation des moments particuliers de l’interaction

La fonction de meneur de jeu s’actualise dans le corpus 1 par toute une série d’opérations régulatrices de discours, comme ci-dessous:

Comme nous l’avons vu plus haut, la direction réelle des échanges est réservée presque exclusivement à l’enseignant, malgré tous ses efforts obstinés d’impliquer quelques-uns de ses apprenants. Et même lorsque la jeune fille protagoniste témoigne de l’initiative, il « l’épaule » de près et finit par s’emparer des « pleins pouvoirs » comme dirigeant de l’interaction, quoique, en même temps, il s’adresse en permanence à cette première, en l’invitant à remplir ses fonctions. Donc, toutes les opérations de ponctuation de l’échange sont réservées pratiquement à l’enseignant et à lui seul:

168A2: par quoi peut-^on expliquer la modification de la conduite des ^ enfants à partir de leur première apparition jusqu'à la fin de la l[e]çon↓? y voyez-vous le résultat↑ = des ^ efforts du jeune professeur↓?
169 E   : mhm
170G: ==
171A2: qui veut répondre↑ ?
172 E   : <INT> oh qui veut qui voudrait répondre à cette question-là↑ ? = = mhm</INT>
173G: ==
<…>
179G: ==
180E: mhm mhm
181G: ==
182E: bonqui peut répondre à la question↑ ? Anne↑ vous↑ ? allez-^y répondez mhm;
208E: oui voilà la question tout à fait vraiment intéressanteah↑ ?
alors s'il vous plaît == mhm
voulez-vous demander↑ ? Anne↑ = à d'autres personnes↑ ? mhm == eh bien
209A2: Macha 380
210E : <INT> mhm </INT>
211A2: peut-être tu↑ ?
212E: <INT> bon Marie est ^un peu malade↓ ah↑? elle est elle se sent un peu malade↓ elle m'a dit tout ^à l’heure↓ mhm =
oui s'il vous plaît↓ </INT>
213G: ==
214E: mhm bon↑ = qui peut dire↑ ? = mhm = mad[ e ]moiselle↑ ==
est-ce qu'il y a quelques défauts ? quand même hum ?
Anne qu'est-ce que vous pouvez dire à cette XX  ? <…>;’ 7E: oui c'est tout euh↑ c'est ça merci
donc euh voulez-vous ajoute:r↑ on quelqu'un peut-être quelqu'un d[e] vous a à ajouter quelqu[e] chose ? bon
8G: ==
9E: sur les premières #impressions du héros de ce texte du: jeune professeur = enfin qui se prépare pour sa première leçon à l'école mhm = eh bien
10G: ==
11E: non↓ euh: vous n'avez euh vous n'avez rien à ajouter ?
alo:rs nous passons euh: enfin à la question suivante <…> .’

D’une part, l’enseignant tient toujours à ce que l’initiative de poser des questions provienne de l’étudiante-protagoniste. Souvent, il expose ce souhait explicitement:

66E: <…> eh bien = ↑voulez-vous poser la question↑? <…>.’

D’autre part, il trie lui-même le questionnaire, en décidant de la question suivante à poser. Par exemple, il dit à la protagoniste de passer tout de suite à la sixième question, en sautant la question numéro cinq basée sur des descriptions détaillées. Nous en concluons qu’il préfère le genre de questions où on peut plutôt donner son opinion que de rentrer dans des commentaires psychologiques présentant une certaine complexité pour les apprenants du début de deuxième année. En respectant fidèlement le contrat didactique – et en acceptant sa position basse dans la relation asymétrique enseignant/apprenante -, l’étudiante protagoniste obéit sans discuter à la consigne de son enseignant: en fonction de son expérience réduit, elle n’est pas encore en mesure de sélectionner les questions selon leur valeur discursive et celle d’apprentissage, tout en tenant compte du facteur du temps.

Notes
380.

Le diminutif de Marie.