La fonction de l’enseignant comme vecteur d’information se réalise à travers une série d’opérations d’information explicites.
Tout au début de l’activité, en annonçant la tâche à remplir, nous l’avons vu ci-dessus, l’enseignant réalise plus ou moins efficacement sa fonction d’informateur.
On distingue généralement trois catégories de métadiscours informatifs selon le type qui en représente la réalisation discursive:
Dans cet exemple, l’enseignant est directement interpellé pour fournir le mot manquant. Il y a une focalisation explicite sur le code dans le but de faire progresser le polylogue.
Cette focalisation peut parfois prendre des formes moins explicites, se camouflant sous un simple échange de points de vue opposés. Et pourtant c’est une focalisation explicite sur le code, puisqu’il s’agit de choisir absolument une des deux opinions sur le sujet, comme dans l’extrait du polylogue analysé, où le locuteur-apprenant a recours à sa langue maternelle pour insister sur son idée: 516A-528A.424On peut même dire que les apprenants s’y sont présentés comme un correcteur collectif, ayant modifié la conclusion de l’enseignant à base de leurs perceptions à eux de l’extrait analysé.
L’enseignant informe constamment ses apprenants sur les termes inconnus; parfois, il se charge même de finir leurs phrases; et ceci toujours dans le but de préserver le déroulement du polylogue:
‘ 428A9: oui j'approuveL’enseignant essaie d’éviter des explications trop compliquées et floues, veille à tout moment à être compris par chaque apprenant. Pour en être sûr, comme nous l’avons déjà constaté ci-dessus, « notre » enseignant a régulièrement un recours aux feed-back du type ah ? n’est-ce pas ? et aux passages explicatifs en russe;
Encore un exemple, mais où l’enseignant entraîne l’étudiante à participer à l’autocorrection, en accompagnant ses interventions par une attitude encourageante et bienveillante; on dirait une union d’une focalisation explicite sur le code et de la gestion du lien communicatif, ce qui s’avère absolument indispensable dans le cas d’une importante hiérarchie de relations enseignant/apprenants:
‘ 297A4: == elle était = très = furieux↑La fonction d’information peut aussi se réaliser d’une manière indirecte, par l’intermédiaire de la paraphrase. Nous avons examiné ci-dessus un exemple de notre corpus (11E-13E)428 illustrant le cas d’adaptation de la parole de l’enseignant au niveau de ses apprenants. Suivant les termes de C. Carlo, dans cet exemple, l’enseignant s’est charge de faciliter le traitement de l’inputou de sa propre consigne.
Il a aussi l’habitude de seconder ses paraphrases en français par celles en russe, pour éclaircir davantage le sens de certains passages du polylogue. Voyons commentil recourt à une reformulation détaillée de la question initiale dans le but d’obtenir enfin une réponse souhaitée:
‘ 218E: euh non qu’est-ce que c’est défauts ?Lorsque l’implication de l’apprenant aboutit à un transfert de rôles, il peut, un moment, remplir les fonctions de l’enseignant en faisant recours à la paraphrase explicative, pour faire comprendre quelque chose, comme dans l’extrait suivant: 337A4- 350E.430
Malgré ce que le nombre de manifestations de l’enseignant comme informateur ne représente que 7,42% sur la totalité de ses manifestations couvrant la période du temps égale seulement à 1’52’’, leur rôle reste important, puisqu’elles permettent de préserver la compréhension mutuelle de l’enseignant et des apprenants, ainsi que des apprenants entre eux. Il s’agit en fait des interventions régulatrices et compensatrices d’un bon déroulement du polylogue, puisque la compréhension mutuelle assure un avancement fructueux de ce dernier dans les fins de l’apprentissage.
DABENE L., « Communication et métacommunication… », op. cité, p.133.
Autonyme est un mot qui « se désigne lui-même comme signe dans le discours, en parlant d’un mot ou d’un énoncé ». D’après Le Nouveau Petit Robert, op. cité, p.186.
« Comment dit-on « parler de soi-même» ?»
Revoir les extraits du corpus à la page 283.
Cf. BESSE H., « Métalangage et apprentissage d’une langue étrangère », dans: Langue française, 1980, n°47, septembre.
Cf. ZIJP-GUILLOT M., Conditions d’apparition et stratégies du métadiscours explicatif, Mémoire de DEA, C.D.I.L., Grenoble III, 1984.
Du russe en français: « L’ angoisse, l'inquiétude.Est-ce qu'on ressentait de l'angoisse ?.. »
L’exemple à la page 287.
« Vous qui venez de terminer l'école secondaire, avez-vous peut-être remarqué quelques défauts dans son comportement qu'on peut réparer et qui sont tout à fait naturels, parce que c'était sa première leçon ? »
Voir l’exemple à la page 303.