3. 3. 4. Organisation des moments particuliers du polylogue

Ici, comme au polylogue 1, c’est donc l’enseignant qui s’avère un réel « gérant » des dialogues au sein de l’activité, bien que la jeune fille désignée pour être protagoniste s’applique à faire de son mieux. Ainsi, toutes les opérations de ponctuation de l’échange sont réservées pratiquement à l’enseignant seul. Sauf que dans le présent corpus, à la différence du précédent, l’apprenante protagoniste choisit elle-même les personnes à répondre; au moins dans le cadre du questionnaire du manuel. Assez vite pourtant, l’enseignant s’empare chaque fois de l’initiative, en stimulant les réactions de l’apprenant ou du groupe:

69A1: euh: que voulait savoir le professeur en proposant aux ^élèfes de remplir une feuille euh: sur leurs goûts personnels↓? ah: quelle était la réaction des ^élèves↓?
Marie↑
70E   : voilà la réaction des ^élèves ou encore des personnes
Mari:e connaît↑ encore↑? il y en a d'autres↑?= s'il vous plaît mhm Nathalie↑ = s'il vous plaît <…>;
139A1: euh: brossez le portrait moral du jeune professeur en partant des phrases suivantes↓ je n'avais jamais ^osé regarder personne en face↑ et↑ j'étais à l'âge où on sait le moins parler à des ^enfants↓
140E: mhm s'il vous plaît↓ mesd[e]moiselles↑ =
141A1: André↑
142E:bon↑ André↑ vous voulez↑? <…>.’

L’enseignant se sert abondamment de son traditionnel mhm pour approuver, encourager, inciter à continuer:

39A1: dans quelle in- =
40E   : <INT> mhm </INT>
41A1: -
tention la le jeune professeur a-t-il demandé qui était le premier en dessin↓?
42E   : mhm dans quelle intention↑? quelle était l'intention↑?
43A1:<INT> Marie </INT>
44E :s'il vous plaît↑ mesd[e]moiselles↑ mess- messieurs↑
bon Marie↑ mhm allez-^y
45A4: euh: il a de- euh: demandé qui a- qui était le premier en dessin euh: parce que il = euh: veut euh: il veut connaître↑
46E   : <INT> mhm </INT>
47A4   : tous les ^élèves euh: de son classe↓
48E   : <INT>de sa classe</INT>
49A4:   de sa classe
50E: <INT>oui c'est ça mhm </INT>
51A1: pourquoi leur
52E: <INT>pour pour les faire connaître↓ n'est-ce pas↑? </INT> mhm mhm mhm <…>.

Une approbation.
Une approbation.
Une incitation.
Une approbation-encouragement.
Une évaluation positive.
Une approbation-bilan de la question.

Il s’adresse à ses apprenants par leurs prénoms, en les modifiant « à la française »: Marie, Olga, André, etc. Pour s’adresser à tous à la fois, il emploie mesdemoiselles messieurs. L’enseignant fait ce qu’il peut pour créer une ambiance rapprochée au maximum à celle de la langue étudiée, en sachant qu’enseigner la langue signifie en même temps d’initier ses étudiants à des éléments culturels du peuple parlant cette langue.

Notre enseignant s’occupe en permanence d’inciter ses apprenants à prendre la parole. Ceci peut avoir la forme d’interrogations, d’insistances ou d’incitations indirectes (comme des intonations montantes). En voyons ici quelques exemples (les flèches indiquent des intonations montantes):

44E :s'il vous plaît↑ mesd[e]moiselles↑ mess- messieurs↑ bon Marie↑ mhm allez-^y <…> ;
70E   : voilà la réaction des ^élèves ou encore des personnes
Mari:e connaît↑ encore↑? il y en a d'autres↑?= s'il vous plaît mhm Nathalie↑ = s'il vous plaît <…>;
37A6   : c'est tout <tout bas>
38E: voilà / eh bien Olga↑ c'est vrai↑? c'est juste↑? <…>.’

Nous pouvons observer dans le dernier exemple que l’enseignant insiste auprès de l’étudiante protagoniste qu’elle exerce une fonction d’évaluatrice. Quoique finalement, c’est lui-même qui le fasse systématiquement.