3. 3. 8. L’exploitation du vécu des apprenants et un ton bienveillant de l’enseignement

En troisième phase du présent polylogue, l’enseignant reprend le même schéma que dans l’activité similaire précédemment analysée: il s’adresse à des souvenirs personnels des étudiants, en leur proposant de parler de leur premier instituteur/professeur. Son idée est de faire réutiliser les expressions du texte dans une conversation spontanée, touchant chacun personnellement:

165E: <…> et maint[e]nant après ce:s ces questions-là ah: de ma part à vous cette question qui concerne peut-être vos ^impressions du premier professeur↓ ah↑? n'est-ce pas↑?<…>.’

Pour créer un précédent, le professeur donne aux apprenants des exemples de réponses repérés dans l’autre groupe:

165E: <…> par ^exemple dans l'autre groupe on m'a parlé euh: beaucoup de: quoi↑ de euh même de sept euh: de l'âge de sept ans d'huit ans lorsqu'ils ont vu son leur premier euh: professeur instituteur plutôt et l'institutrice n'est-ce pas↑? à l'école↑ et voilà les ^impressions étaient tout ^à fai:t différentes↓ par ^exemple on m'a dit qu'il y était il y avait des ^institutrices vraiment furieusescoléreuses et puis il y avait tout ^à fait très bonnes et cétéra et on se rappelle des noms et cétéra <…>.’

La présentation des exemples est faite sur un ton d’une légère plaisanterie, comme si l’enseignant invite ses étudiants à suivre le même style, à se lâcher un peu, en oubliant un cadre responsabilisant du texte. Ses manifestations visent ici l’établissement et la gestion du lien communicatif. L’enseignant essaie ainsi d’augmenter la motivation de ses étudiants. Mais ces derniers restent passifs, les échanges qui se créent sont brefs et peu intéressants; on a l’impression que l’enseignant les pousse à se prononcer.

En s’efforçant d’impliquer tous dans un travail actif, l’enseignant peut, par exemple, même jouer sur le rythme et l’intonation de ses phrases (moyens prosodiques):

128E: <…> qui n'a p[ar] exemple rien dit ici tout près de moi <prononce la fin sous forme d’une phrase rythmée, en souriant> s'il vous plaît mad[e]moiselle↑ == <…>.’

L’enseignant change de ton et de registres tout au long de l’activité, en fonction du besoin. Ici encore, il est acteur veillant à décontracter l’ambiance du cours, à la rendre plus naturelle . Ce sont toujours son intonation et les changements de registres de sa parole qui traduisent toutes les nuances de ses ressentiments et de ses émotions.