Conclusion partielle

Nous avons vu que malgré tous les efforts de l’enseignant, le groupe reste généralement passif. Ce sont des étudiants qui avaient appris à l’école secondaire une langue étrangère différente du français, et qui ont choisi le FLE à l’université compte tenu des circonstances.458

Le présent polylogue, malgré ce qu’il avait été, selon toute évidence, mieux préparé à la maison et davantage pré-organisé que l’activité analogue réalisé avec le premier groupe, s’est avéré moins intéressant, aussi bien du point de vue des interventions des apprenants que de celles de l’enseignant. Quoique les tendances et les principes de base de ces deux activités se ressemblent, en gros, puisque c’est le même enseignant qui les a dirigés dans les mêmes conditions.

Malgré que la qualité générale d’enregistrement du second polylogue pédagogique soit meilleure que celle du premier, l’enseignant y est malheureusement obligé de se consacrer de temps en temps à quelques problèmes techniques survenant lors des échanges. En même temps, les manifestations organisatrices du professeur tout au long de la seconde activité sont plus ponctuelles que lors du premier polylogue: la plus courte ne dépasse pas une seconde et la plus étendue est de 18’’ (cf. les tableaux dans les pages 355 et 285). Du point de vue du nombre des manifestations de l’enseignant comme organisateur, le second polylogue s’avère aussi plus économique: 32,94% contre 43,2% sur la totalité des manifestations du même type dans le premier polylogue.

Le tableau ci-dessous illustre les composantes de l’agir de l’enseignant organisateur dans le second polylogue, selon la classification de C. Carlo:

Types de manifestations de l’enseignant
organisateur
Nombre de manifestations, et en % Manifestation la plus courte-la plus longue Temps général réservé à chaque type de manifestations, et en %
visant le déroulement de la thématique planifiée
20 = 32,26 %

1’’-20’’

1’27’’ = 38,5 %
visant la facilitation du traitement de l’input 6 = 9,68 % 1’’-11’’ 26’’ = 11,5 %
visant l’établissement et la gestion du lien communicatif
35 = 56,45 %

1’’-16’’

1’52’’= 49,6 %
explicitement focalisées sur le code 1 = 1,61 % 1’’ 1’’ = 0,4 %
  62 = 100 %   3’46’’ = 100 %

Il est curieux de remarquer que le nombre des manifestations de l’enseignant organisateur visant l’établissement et la gestion du lien communicatif prévaut sur toutes les autres dans les deux corpus analysés.459 Ceci met en relief l’importance que le professeur réserve à la personnalité de l’apprenant dans le processus d’implication dans l’activité. Dans le second corpus, ce type de manifestations est même prépondérant. Ensuite, ce sont les manifestations visant le déroulement de la thématique planifiée qui prédominent dans les deux corpus, du point de vue de leur fréquence, ce qui confirme le fait que l’enseignant surveille que l’activité se déroule selon le plan pré-établi. Le second corpus le confirme également du point de vue du temps général réservé à ce type de manifestations. Les moins fréquentes et prenant le moins de temps sur l’étendue totale du polylogue 2 – analogiquement avec le polylogue 1 – s’avèrent les manifestations de l’enseignant organisateur explicitement focalisées sur le code: il s’agit d’une seule manifestation de durée d’une seconde; l’organisation du polylogue 2 n’en dépend quasiment pas.

Nous estimons que malgré des efforts organisationnels du professeur, les étudiants ne s’impliquent pas réellement dans le travail pour la raison qu’ils n’en voient pas spécialement d’utilité pratique dans l’immédiat: les stages pédagogiques sont prévus seulement dans deux ans et la situation exolingue d’apprentissage ne permet pas de réutiliser leurs acquis langagiers dans des conditions naturelles .

Notes
458.

Revoir les pages 122-124.

459.

Cf. le tableau à la page 307.