3. 5. 1. Moments de présentation

La fonction de l’enseignant-informateur se réalise ici à travers trois catégories de métadiscours:

  • le métadiscours informatif est la réalisation la plus courante:
100A8   : et: et: ils n- = ils n- ils ne veulent pas euh: l'é- l'écouter et: euh: = e:t au moins = euh: *patchiniatsa* <demande l’équivalent du mot en français>
101E   : comment↑ *patchiniatsa*↓ <s’adresse au groupe> soum- soum- soumettre se soumettre
102Ax: soumis = soumettre
103A8:   euh:
104E   : se soumettre à lui↓ hum↑? se soumettre à lui↓ hum↑? c’est ça ? ouai ouai
105A8   : se soumette à lui et: = <…>.’

L’apprenant demande explicitement de l’aide auprès du professeur. Celui-ci voulant impliquer le groupe dans sa fonction d’informateur leur réadresse la demande, mais répond lui-même presque de suite: son but y est surtout d’attirer l’attention.

Une autre constatation à faire à partir de l’exemple ci-dessus est que la langue maternelle occupe une place de valeur lors des échanges d’informations de tous les niveaux. Voyons encore un petit exemple:

87E   : est-ce qu'on peut dire que c'est quand même le = recul euh: *to iést' kataraïé atstouplénié at traditsionnaï métodiki*465le recul de: des: de la méthodologie traditionnelle hum↑? <…>.’

L’enseignant a utilisé le russe pour expliquer le terme français. Son intervention est explicitement centrée sur le code et destinée à faciliter le traitement de l’input.

Parfois, il achève les phrases de ses étudiants; ces derniers l’acceptent sans discuter, puisque l’enseignant les informe ainsi sur les termes indispensables dans un cas précis:

90A8   : oui ça prouvait que le recul↑
91E   : <INT>mhm </INT>
92A8   : de la: =
93E   : <INT> de la méthodologie↑ des méthodes↑ </INT>
94A8   : de la méthodologie classique
95E   : <INT>classique traditionnelle c'est juste </INT> = <…>;
63A7   : et: ==
64E   : <INT> eh bien↑
mhm </INT>
65A7: ==
68E   : <INT> voilà l- la conduite familiale hum↑? de ses de ses de leurs ^enfants n'est-ce pas↑? euh: pour avoir des relations mutuelles↑ euh: enfin: les plus favorables entre l'école et pui:s euh: entre l'école et la maison n'est-ce pas↑? où habitaient ces ^enfants leurs ^enfants ses ^enfants c'est ça↑? bien sûr </INT>;’
  • le métadiscours explicatif. Il est aménagé en français et en russe conformément au niveau des étudiants. L’enseignant a l’habitude de traduire en russe des moments cruciaux de ses passages métadiscursifs, en informant ses apprenants sur des termes inconnus: il se charge de préserver l’intercompréhension parfaite:
159E: comment↑?
160A9: peureux
161E: peureux a:h ça veut dire il e:st enfin ses ^élèves lui faisaient peur ah↑? <…>;
130E: donc = vous ^approuvez↑ euh: totalement↑ complèt[e]ment↑ *vi polnast'u adabriaïété paddérgivaïété chto déïstvitél'na chto iménna tak s natchala da kantsa i nada bila i: vesti kak gavaritsa éta zaniatié↑*466 / ou bien encore vos ^idées = personnelles s'il vous plaît
131G: ==
132E: par exemple lorsque euh nous ^avons discuté ce problème dan:s le group:e l'autre groupe-là euh on m'a dit qu'il était trop trop sévère↓ = / euh il fallait évidemment peut-être avoir la manière plus douce ah↑? à l'égard des ^enfants↓ euh: = <…>;’
  • le métadiscours correcteur. Il s’agit le plus souvent d’une correction explicite des erreurs, sans explications grammaticalisées:
47A4   : tous les ^élèves euh: de son classe↓
48E   : <INT>de sa classe</INT>
49A4:   de sa classe
50E: <INT>oui c'est ça mhm </INT><…>;
159E: comment↑?
160A9: peureux
161E: peureux a:h ça veut dire il e:st enfin ses ^élèves lui faisaient peur ah↑?
162A9: parce qu'on pouvait parce qu'on doit ^être euh: peureux pou:r pou:r ne pour ne pas ^à oser à re- oser à regarder quelqu'un en face
163E: <INT> mhm mhmmhm </INT>
164A9: euh: sans certain
165E: oui pour lui peut c'est peut-être c'était impoli ah↑? euh: c'est son père qui lui: disait que: c'est vraiment impoli de regarder en face puisque ça c'est ça c[e]la a l'air de narguer ah: cette personne-là↑ ah c'est comme ça↑? d'accord↑? <…>. ’

Nous voyons qu’il s’agit d’une sorte de paraphrase. L’enseignant a réussi à impliquer son étudiant dans ce travail métadiscursif. On dirait que l’implication de l’apprenant aboutit à un transfert momentané de rôles: il fait recours à la paraphrase explicative, pour faire comprendre ses idées.

En ce qui concerneles moments d’autocorrection, cette caractéristique est moins présente dans ce polylogue-ci que dans le précédent.Nous constatons plutôt la tendance de l’enseignant d’effectuer les corrections des erreurspeu significatives.Il paraît tenir compte d’un niveau peu avancé de ses apprenants.

Bref, la fonction informative permet ici de préserver l’intercompréhension de l’enseignant et des apprenants, ainsi que d’assurer une progression programmée de l’activité.

Notes
465.

« C'est-à-dire un certain recul des méthodes traditionnelles... »

466.

« Est-ce que vous approuvez que c'est notamment de cette manière qu'il fallait organiser la leçon dès le début jusqu'à la fin ? »