Ayant pris pour base de référence les transcriptions du corpus LANCOM,479 nous avons entrepris le 8 février 1999 un enregistrement du jeu professionnel « La Communication téléphonique 1», avec les apprenants russes de quatre groupes, dont deux formés des étudiants de deuxième année et deux autres – de leurs condisciples de troisième années de l’Université Pédagogique de Vologda ayant le français comme première langue étrangère (Annexe 7, inter. 1,2). Pour les enregistrements des étudiants de deuxième année, il s’agit seulement de la même année d’apprentissage – quoique de ses périodes différentes (début et milieu) – mais des groupes autres que ceux des polylogues pédagogiques précédemment étudiés.
L’Annexe 7 se compose de deux parties, dont la première est consacrée aux transcriptions des dialogues des étudiants de deuxième année et la seconde – à celles de troisième. Ces activités sont organisées par le même enseignant que celui qui a dirigé les polylogues pédagogiques.
Nous avons analysé ces simulations comme pratiques d’apprentissage « dévoluées ».
La première partie de l’Annexe 7 contient 5 dialogues transcrits dont l’étendue totale est égale à 3’48’’, et la seconde en a 8 qui se déroulent au cours de 7’20’’. Tous les dialogues de deuxième et de troisième années se ressemblent beaucoup entre eux, puisqu’ils reproduisent de près les scénarios des simulations du Corpus LANCOM ayant le même sujet et réalisés par de jeunes Français. 480 Il n’y a quasiment pas de place aux improvisations personnelles.481
Nous ne retrouverons pas d’interventions de l’enseignant au début de ces activités ni nulle part ailleurs: il a décidé par avance de laisser ses apprenants se débrouiller eux-mêmes. On dirait qu’ici l’enseignant est un incitateur d’échanges implicite: il avait proposé, dans le cadre du cours précédent, d’étudier les canevas de dialogues comme un support possible des interactions à construire à la maison et à enregistrer lors d’un cours suivant. Au moment d’enregistrement, les étudiants jetaient des coups d’œil rapides dans leurs notes.
Les enregistrements se suivent entrecoupés de courtes pauses marquant la fin d’un dialogue et anticipant le début d’un autre. Les étudiants ont été dès le début au courant de ce que des moments forts et des erreurs repérées seraient analysés après la fin de l’activité générale. Cela avait pour but de leur laisser plus de liberté d’improviser, de permettre mieux entrer dans la peau du personnage, c’est-à-dire de pratiquer davantage la parole spontanée, même si les activités avaient été préparées (en gros) à la maison.
Parmi les dialogues de deuxième et troisième années examinés ensemble, nous constatons que les plus courts sont égaux à 31’’ (l’interaction 4 en deuxième et l’interaction 8 en troisième) et contiennent 11 et 7 tours de parole respectivement; le plus long est celui de troisième année (interaction 5): il s’étend à 1’11’’ et contient 13 tours de parole. Parmi ceux de deuxième année, c’est l’interaction 2 qui est la plus étendue et occupe 9 tours de parole.
Du point de vue de l’intensité des échanges, nous avons décelé, parmi les enregistrements des deux années, les deux interactions de troisième: celle numéro 6 contient le minimum de tours de parole – 6 – et dure pendant 1’06’’; l’interaction 4 détient le maximum de tours en comparaison à l’ensemble des enregistrements – 15, en se déroulant au cours de 51’’.
Si nous examinons uniquement les transcriptions de deuxième année, le dialogue numéro 4 égal à 31’’ est le plus court parmi les 5 enregistrés; le plus étendu est le deuxième (1’09’’), contenant respectivement 11 et 9 tours de parole. Du point de vue de la quantité de tours, les plus courtes sont les interactions 2 et 3 (chacune en enferme 9), et la plus étendue est la cinquième (14 tours).
La durée générale des enregistrements de deuxième année – les pauses comprises – est vers 3’48’’; le temps des échanges mêmes – sans pauses – revient à 3’ 36’’; les pauses détiennent ainsi 12’’ au total. Pour la troisième année, l’enregistrement général a la durée de 7’20’’ et les dialogues sans compter les pauses « occupent » l’espace de 6’54’’, dont la différence de 26’’ est réservée aux silences: le temps de passer d’un couple d’interactants à l’autre. Ce temps de pauses divisé par nombre de dialogues enregistrés n’est pas important – de 2’’ à 3’’ – si nous prenons en compte que durant tout autre temps de l’activité les apprenants parlent. Il est vrai que seulement deux personnes parlent simultanément, mais leurs camarades sont en même temps occupés à réaliser d’autres tâches, sous la surveillance du professeur, et le dialogue le plus étendu ne dure qu’un peu plus d’une minute, ce qui correspond à un laps de temps très raisonnable sur le fond de la longueur générale d’un cours égale à 90’: chacun aura son temps de s’exprimer.
Tous les enregistrements sont faits uniquement par des voix féminines, il n’y a aucun jeune homme parmi les participants des quatre groupes en question.
Pour faciliter le travail d’analyses, nous avons divisé chaque dialogue en trois séquences: prise de contact (ouverture), corps de l’interaction et la clôture.
Examinons en détail chaque séquence.
DEBROCK M., FLAMENT-BOISTRANCOURT D.et al. (réd.), « Le Corpus LANCOM », op. cité.
Voir notre Annexe 10.
Cf. Annexes 10 et 7.