2. 3. « Tchao !»

Comme dans les jeux professionnels (corpus 3 et 4), dans les jeux de rôle des corpus 6 et 7, les clôtures sont initiées par la personne qui a également été à l’origine de leurs ouvertures. Le prétexte est partout le même – « calqué » sur le scénario de base du LANCOM: la communication à longue distance coûte cher. Le jeune homme de « La Communication téléphonique 2 » l’a réalisé d’une manière plus ingénieuse que d’autres interactants: il a prétendu parler depuis une cabine téléphonique; sa carte étant épuisée, il a été obligé de finir la communication:522

8Y: maintenant j'ai: en fait j'ai: j'ai ap- j'accroche parce que: mon crédit de temps est ^épuisé donc voilà donc j'ai: j'ai ma carte que: je la jette o'key
salut
9O: j'étais très contente de t'avoir entendu:
au revoir:!’

L’interactant a ainsi trouvé une excuse honorable pour une clôture précipitée. En même temps, les principales règles de politesse ont été accomplies: on a eu le temps de se dire au revoir, la jeune fille a même mentionné qu’elle était très contente d’avoir entendu son ami (9O). La clôture est « rentrée » en deux tours de parole bien ménagés: toutes les conditions sont remplies, tout est dit. Et il s’agit des échanges cent pour cent spontanés.

La clôture du jeu de rôle transcrit dans le corpus 7 est deux fois et demie plus longue que la précédente – 7 tours de parole au total. C’est à Alexandre que revient l’initiative d’entamer la clôture de l’interaction dont il a été à l’origine de l’ouverture. Quoique ce soit ensuite Stas qui reprend l’initiative entre ses mains – le fait qu’il est plus âgé ? - et organise la clôture définitive et vraisemblable, puisque c’est de cette façon que les deux garçons finissent d’habitude leurs entretiens téléphoniques dans leur vie réelle de deux copains russes habitant les différentes régions de France. En fait, cette clôture est plus progressive, moins intense, plus formelle aussi que celle de « La Communication téléphonique 2 », et un peu « unilatérale », puisque c’est Stas qui se charge de souhaiter des choses gentilles à son copain et à sa famille, tandis que ce dernier ne fait que tout accepter comme cela vient:

12A: <…> j[e] te rap- j[e] te rappell[e]rai dès que je: dès que tout s[e]ra prêt↑ euh car je [ne] peux pas rester longtemps au: téléphone t[u] sais c’est pas donné
13S: ouai ouai ouai bon be[n] ça va ah ? éclates-toi bien d’ici là↑ = e:t à bientôt
14A: o’key
15S: tchao
16A: tchao
17S: passe bonjour à tout l[e] monde
18A: ouai bien sûr ouai.’

Le style est familier (o’key, tchao, ouai, éclate-toi bien; des omissions des sons ou des groupes de sons caractérisant une parole un peu négligée).

Puisque le paraverbal et le verbal (et le non verbal bien entendu) sont intimement liés, les communications du corpus 6 et 7 (surtout le dernier) se présentent comme les plus convaincantes: l’intonation (un des moyens prosodiques) confirme le sens de ce qu’on dit et l’inverse.

Notes
522.

Annexe 8.