Parallèlement à la diffusion de ces grands textes internationaux, s'immisçant chaque fois plus profondément dans la politique éducationnelle brésilienne, et internationale, on assiste dans ce champ assez étroit de l’éducation spécialisée, et surtout de ce qu’on appelle communément “l’éducation inclusive“, à une profusion d’écrits de toutes natures sur la question. Les grandes agences internationales, en tête desquelles l’UNESCO, sollicitent des experts pour écrire ce que l’on peut appeler de véritables prescriptions6 en matière d’éducation. Si les écrits à caractère plus pédagogique, plus “technique“ restent très minoritaire, nombre des autres productions présentent divers perspectives de l’inclusion: certaines valorisent les aspects philosophiques, humanistes de l’inclusion; d’autres s’attachent à une réflexion plus anthropologique sur les diverses modalités de l’altérité; nombre de textes se placent sur un plan revendicatif et juridique (le droit “à la différence“, “à la diversité“, à “l’éducation de bas pour tous“, etc.); d’autres, nombreux, à mon sens, versent dans les bons sentiments, dans les discours de générosité, avec parfois un côté messianique (l’inclusion va sauver le monde; l’école inclusive va transformer la société en “société inclusive“, etc); beaucoup plus rares sont les productions qui affichent un caractère critique et épistémologique sur l’émergence soudaine de ce consensus éducationnel sur fond socio éducatif encore bien exclusif et générateur d’exclusion. Cette nombreuse production, majoritairement originaire des pays du Nord, appelle plusieurs observations/réflexions que j’essaie de développer schématiquement encore dans la thèse:
Si officiellement ces grands textes n’ont pas de caractère obligatoire, de leur signature dépend cependant le versement d’aides financières, parfois considérables, comme c’est le cas au Brésil. Les textes de l’UNESCO se présentent très clairement comme des “cadres normatifs“.
Il suffit de participer ou d’assister à des séminaires où les personnes souffrant de handicap sont conviées pour se rendre compte que parfois ce sont elles qui sont les plus critiques quant à ce “bien“ défini pour eux. Je pense notamment aux personnes atteintes de cécité, de surdité ou de paralysie cérébrale.
Parce que durant très longtemps, politiquement, ces “déficients“ et l’éducation des pauvres n’intéressaient personne au Brésil; ou bien intéressaient politiquement, en Europe, dans la perspective que décrit Foucault dans l’Histoire de la folie.
Alors que les manières d’enseignement, comme la formation des enseignants sont le résultat politiques de politiques éducatives déterminées.