Il y a très peu de femmes dans l’œuvre de Nicolas de Vérone, et aucune n’apparaît dans la Prise de Pampelune, comme si l’auteur avait voulu les exclure du contexte épique. La Vierge pleure au pied de la croix dans la Passion 790, la femme de Pilate fait une très furtive apparition791, et Cornélie, toute de douleur éprouvée, accompagne son mari jusqu’à la mort792. La première se caractérise par ses larmes, la seconde par son effroi, la troisième par son amour. Dans ce cadre là, et c’est tout à fait remarquable car Nicolas de Vérone modifie l’esprit des Fet des Romains, Erichto n’incarne pas uniquement le mal absolu, la facette noire d’un féminité dangereuse par opposition au sublime de Marie ou de Cornélie.
En effet, le personnage est profondément ambivalent et son portrait est largement contrasté. Figure de la divination macabre, la sorcière de Lucain s’est imposée comme référence médiévale païenne. Pourtant, dans le texte franco-italien, la scène de sa rencontre avec Sextus évoque l’épisode de la pythonisse d’En Dor793 et le fait est d’une originalité digne d’intérêt.
Mêlant univers antique et référence biblique, Nicolas de Vérone construit une image ambiguë de la devineresse. Sa description hésite entre sorcellerie et humanité et multpilie les antagonismes. Loin d’être redoutable, Erichto est une aide précieuse pour le fils de Pompée et les caractéristiques ontologiques du jour et de la nuit s’inversent, comme celles du gigantisme et de la petitesse.
La Passion, v. 819-842.
La Passion, v. 691-695.
La Pharsale, v. 2222-2254, 2322-2357, 2939-2966 et 3046-3078.
Cet épisode se trouve en I, Samuel, 28, 7-25.