2/ Les prémices d’un « contrat social »

[Les prémices d’un « contrat social »1493]

Une nouvelle définition du pouvoir se fait jour : indépendant de toute légitimation divine de droit, conçu pour le bien de ceux sur qui il s’exerce, le gouvernement tel que le conçoit Nicolas de Vérone apparaît dans une étonnante modernité. L’idée d’un mouvement de va et vient entre les hommes et leur meneur amène au concept, que l’on n’a pas l’habitude de penser médiéval, de « contrat social ». Dans la Pharsale, la Prise de Pampelune et la Passion, les fondements de l’autorité, son exercice et ses modes d’institution font penser aux idées rousseauistes et à toutes celles, humanistes, qui ont permis au philosophe des Lumières de conceptualiser ses théories. En effet, dès le XIVe siècle, les penseurs évoquent une force d’action du peuple qui est première et subordonne le pouvoir charismatique du chef. Ce dernier est alors logiquement désigné pour ses qualités, élu.

Notes
1493.

J. Quillet utilise cette expression, que l’on attribue d’ordinaire à l’époque des Lumières et à la philosophie de Rousseau, pour désigner l’Etat médiéval envisagé comme œuvre de l’art humain. Elle distingue le naturalisme, expression de la socialité des hommes liés par des liens purement naturels, du pacte social qui résulte de la liberté d’hommes étrangers les uns aux autres et qui choisissent de s’associer. Cette idée se retrouve aussi bien chez Marsile de Padoue que chez Nicolas de Cues. Voir Les Clés du pouvoir au Moyen Age, op. cit., p. 159-164.