Par bien des aspects, la mort des personnages ressemble à un martyre héroïque. Les légendes épiques véhiculent l’image de héros exemplaires, insensibles à la douleur, fidèles à leurs engagements, grands jusque dans la défaite et la mort. La célébration de ces modèles s’apparente au genre des Vies de Saints et le désir d’édification semble toujours présent, en filigrane, derrière l’agonie de tel ou tel protagoniste. Fidèle à une inspiration proprement épique, Nicolas de Vérone détaille avec minutie les différents motifs de l’accession du personnage au statut de martyr. Cet idéal de martyre héroïque est le même que celui qui anime nombre de guerriers épiques, depuis Vivien qui a fait le vœu de ne pas reculer d’un pied face à l’ennemi et meurt en supplicié2234 jusqu’à Roland qui refuse d’appeler le renfort qui pourrait sauver sa vie et celle des hommes de l’arrière garde2235. La mort de ces deux héros est proche de celle du Christ et est décrite selon un enchaînement de motifs traditionnels que Nicolas de Vérone n’hésite pas à utiliser.
La Chanson de Guillaume, v. 838-896.
La Chanson de Roland, v. 1049-1092.