1.1.1 De la section enfantine au Cours Préparatoire

1.1.1.1 La section enfantine

L’idée d’une classe intermédiaire entre les salles d'asile et l’école élémentaire apparaît à la fin du Second Empire(Luc, 1982 : 24) "Ces classes ne peuvent exister que comme annexes d’une école primaire ou d’une école maternelle : elles forment le "degré intermédiaire" entre ces deux établissements, elles accueillent des enfants de 4 à 7 ans qui y reçoivent, avec l’éducation de l’école maternelle un commencement d’instruction élémentaire." A la fin du XIXe siècle, la durée des études se divise en une ou deux années de section enfantine, suivant que les enfants entrent à l'école à cinq ou six ans, deux années decours élémentaire, de sept à neuf ans, deux années de cours moyen, de neuf à onze ans, deux années de cours supérieur, de onze à treize ans.Au début de l'école obligatoire, la prise en charge des enfants âgés de six à sept ans n'est pas assurée par des enseignantes. (Luc, 1982 : 187). «Ces classes d’initiation recevant des enfants des deux sexes de quatre à sept ans, soulagent à la fois l’école de garçons et l’école de filles et dispensent de créer dans l’une et dans l’autre un nouvel emploi d’adjoint….Toujours confiées à des femmes, elles prolongent les bienfaits de la méthode d’éducation maternelle et évitent d’astreindre les tout jeunes enfants à la discipline de l’école, qui, pour eux, est prématurée.» Ces femmes peu qualifiées et souvent nommées par les directeurs des écoles sont progressivement remplacées par des institutrices formées. A l’époque, déjà, la scolarisation des jeunes enfants est un enjeu à la croisée de la logique d'instruction et de la logique économique de limitation de créations d’emplois.

Dans le nouveau dictionnaire de pédagogie publié en 1911, Ferdinand Buisson décrit la section enfantine comme une sorte d'anneau entre les écoles maternelles, qu'on appelait alors les salles d'asile, et les écoles primaires élémentaires. Le discours officiel sur la première éducation chemine entre ambiguïtés et contradictions. Bien qu'obligatoire, l’école pour les enfants de six à sept ans ne doit être ni une garderie ni une école primaire. La pédagogie dans ces classes a du mal à se constituer à partir de son seul objet. Lieu de rencontre entre deux pédagogies, la classe enfantine fonctionne au profit de la plus déterminée : elle peut tout aussi bien favoriser la contamination de l’enseignement maternel par l’esprit de l’enseignement primaire que l’inverse. Il est régulièrement reproché aux enseignants ou aux inspecteurs d’en faire trop ou pas assez. Les textes officiels de l'époque ne prennent en compte ni les disparités dues aux négligences des communes, ni l’influence des enseignants sur l’évolution souhaitée de la pédagogie. Le découpage en sections et la nouvelle pédagogie prônée s’accommodent mal des installations existantes faites de gradins et de mobiliers rivés au sol.