1.2.2.2 Continuer l'école à la maison

Les pressions institutionnelles et sociales autour de l'apprentissage de la lecture dépassent le seul cadre de l'école et envahissent les familles. Dans trop d'esprits, cet apprentissage commence et s'achève avec le Cours Préparatoire ! Moyennant quoi, chacun cherche le plus vite possible à détecter les premiers signes du déchiffrage ! L'enfant qui apprend à lire, c'est donc aussi le problème de la famille qui prend le relais de l'école, le soir, autour du manuel de lecture. Rituel bien connu des parents, appréhendé parfois lorsqu'il est source de conflits et de souffrances. Sujet douloureux, punitions, responsabilité, volonté de dédramatiser sont des expressions qui en disent long sur les ressentis des acteurs (Annexe 1) :"Le soir, je lui dis : "Allez R.! On va faire la lecture. Lire les pages 80 et 81. Ca va être vite fait". Je sais que c'est pas bien de dire ça. Pour lui, ça ne lui pèse pas. En dix minutes, la page va être faite. Et voilà !" La crainte qui s'exprime montre comment l'école déborde à ce moment-là sur la vie ordinaire. Pourquoi ce ne serait pas bien de dire à son enfant qu'il aura vite fait de faire sa lecture ? Est-ce par crainte que l'enfant ne tombe dans ce que Jacques Lévine et Michel Develay nomment "l'hallucination positive", cette propension qu'ont certains enfants à trouver tout exercice "fastoche" et qui aboutit parfois à une réalisation bâclée et erronée ?