1.3.2 La personnalité de l'enfant âgé de six à sept ans

Pour mieux comprendre l'enfant de six ans, nous empruntons d'abord à Henri Wallon, des éléments de sa théorie du développement. Nous développerons ensuite le point de vue piagétien davantage ciblé sur le développement de l'intelligence de l'enfant.

Wallon considère la personnalité de l'individu dans sa globalité. Comme Piaget, Wallon insiste sur l'interdépendance des facteurs biologiques et sociaux mais il accorde un rôle privilégié au milieu humain. Chez Wallon, l'interaction est d'abord sociale alors que Piaget s'intéresse surtout à l'interaction avec le monde physique. Les deux auteurs se distinguent radicalement quant à leur conception du déroulement du développement. Piaget insiste sur la continuité du développement. Wallon définit le développement en termes de discontinuités, d'alternances, d'oscillations, de crises et de changements. Pour lui, la période qui s'ouvre autour de l'âge de six ans est une période instable, où l'enfant est plus hésitant, excitable, indécis ; ses comportements sont contrastés. Il a du mal à choisir, passe d’un extrême à l’autre, de la colère à la gentillesse par exemple. Il peut tout aussi bien adorer son chien que le tourmenter. Il peut être impulsif et inconstant. Il peut être parfait en classe et intenable à la maison. Il fait un travail psychologique sur lui-même, en se plaçant au "centre de l’univers". Les frayeurs nocturnes sont fréquentes. Sa curiosité sexuelle existe toujours. Il prend conscience qu'il n'a pas toujours existé, se pose des questions sur ses origines, sur les différences entre les filles et les garçons. Sa représentation du corps reste problématique malgré toutes les informations dont il dispose. Vers sept ans, l'enfant connaît une période d'accalmie. Il est plus sage, plus équilibré dans ses comportements. C'est une période d'assimilation au cours de laquelle ses dispositions internes entrent en harmonie avec les exigences du milieu environnant. L'enfant est plus introverti, plus rêveur et auto-critique. Il se trouve dans une phase de transition, entre le stade du "personnalisme" et celui qualifié de "catégoriel" par Henri Wallon. L’enfant présente à partir de six ans des comportements socialisés : respect des autres, conscience de leurs qualités, collaboration, préoccupation d’autrui. Progressivement, il sait se mettre à la place de l’autre dont il commence à saisir les intentions. Il s'initie aux rôles sociaux à travers toutes sortes de jeux dont des jeux d'imitation. Au stade catégoriel, les activités intellectuelles deviennent prépondérantes. L'enfant est capable d'attention, d'effort et de mémoire volontaire. Il sort progressivement du syncrétisme pour former des catégories mentales qui permettent des représentations abstraites de la réalité et la production d'explications des phénomènes.