2.1.2.4 Le régime didactique à la fin du XXe siècle

Avant d'examiner les caractéristiques du cahier d'expériences plus en détail, voyons dans quel régime didactique s’inscrit le cahier scolaire à la fin du XXe siècle. L'usage du cahier à l'école répond à un enjeu pédagogique qui inclut des enjeux cognitifs et influe sur des aspects pragmatiques. Les cahiers et classeurs restent des supports d'écrits qui témoignent publiquement du travail de l'élève, de la classe et du maître. Ils sont feuilletés par les parents, les inspecteurs et les enseignants qui apprécient, à travers la quantité et la qualité des écrits, la pertinence des choix de l'enseignant et les capacités de l'élève. Les cahiers et classeurs sont produits dans le cours des actions quotidiennes d'écriture : entraînements à la calligraphie, exercices de mathématiques, copie de résumés, collage et lecture de documents. Sont-ils des systèmes de classification des savoirs ou des journaux de bord reflétant l'organisation temporelle des activités scolaires ? (Chartier, 2000). Quels impacts ces choix qui relèvent de la liberté pédagogique ont-ils sur la construction des connaissances chez les enfants ? Face à l'abondance de l'information toujours plus nombreuse, mise à la disposition de tous grâce aux nouvelles technologies, de quels outils les élèves d'aujourd'hui ont-ils besoin ? S'il reste indispensable qu'au début de l'école l'élémentaire, l'enfant continue et consolide l'apprentissage de l'écrit, il paraît tout aussi essentiel de le doter d'instruments de synthèse qui lui permettent d'organiser et de gérer une information touffue, disparate, fractionnée, divergente, voire contradictoire (Hébrard, 1999). "Le foutoir, c’est dangereux. C’est dangereux pour les enfants en particulier, parce qu’ils n’ont pas cette capacité de synthèse…Nous avons besoin de contrôle, de direction, d’ordonnancement des choses" Ces besoins nouveaux sont à prendre en compte dans le regard que nous allons porter sur le cahier de l'élève en sciences.