2.2.2.2 Le cahier de laboratoire national

Le cahier de laboratoire fait aujourd'hui l'objet d'un cahier des charges national élaboré en 2007 par le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche et le Réseau Curie, en collaboration avec l'Institut National de la Propriété industrielle (INPI) et en concertation avec les organismes de recherche publics.

Chaque cahier possède un numéro unique. Y figurent le nom de l'utilisateur, le nom du propriétaire et un espace en bas de chaque page numérotée pour dater et signer. Il est lié à un chercheur, à un projet, un contrat ou une équipe de chercheurs. Par le formalisme qu’il impose aux chercheurs, numérotation des pages, notations à l’encre indélébile, etc., il est destiné à laisser une trace écrite des travaux de recherche, pouvant également servir de preuve matérielle sur l’antériorité d’une invention. C'est un outil de traçabilité qui permet d'avoir le détail des travaux, de l'idée de départ à la conclusion. Il permet d'éviter les déperditions liées aux feuilles volantes et autres éléments manuscrits. Véritable journal de bord, il constitue un lien avec les différents intervenants sur un même projet : transmission des connaissances, de savoir faire, de méthodes. Il est une mémoire de la progression du travail avec les méandres qu'elle emprunte, et ne respecte pas un ordre linéaire pré-établi. La non linéarité dans les cahiers de laboratoire s'oppose à la linéarité des documentaires, écrits après coup. Les deux écrits ont un rapport différent à la temporalité (Chevallard, 1991). "L'étude comparée des cahiers de laboratoire et des articles publiés après coup permet de comprendre comment se fait la cristallisation autour de concepts ou d'expérimentations nouvelles." (Raichvarg, 1999). Ainsi, le cahier de laboratoire représente-t-il la science en train de se faire, comme la décrit Bruno Latour (2004).