2.2.2.4 Le cahier de laboratoire, une œuvre

Même s'il existe aujourd'hui des normes pour réaliser un cahier de laboratoire, cet espace de langages garde une part d'implicite et de subjectivité. Chaque chercheur a son style propre," avec ses codes personnels, ses abréviations, ses raccourcis, ses choix, ses ellipses…Chaque chercheur improvise à sa manière, selon ses besoins et ses appréciations." (Coquidé, 2001). Soit, le chercheur note tout, soit il ne note que l'essentiel. Dans chacun des cas, s'y trouvent deux types de notes, celles qui sont strictement fonctionnelles, qui ne laissent pas de trace de l'auteur et celles qui laissent une part à la subjectivité. Le cahier de laboratoire est un objet unique qui échappe de fait à la dépersonnalisation, tant sur le plan formel que sur le contenu. Il s'oppose en cela à d'autres écrits scientifiques de communication de savoirs qui eux, exigent la dépersonnalisation (Chevallard, 1991). Le cahier de laboratoire est une œuvre au sens défini par Yves Deforge (1990 : 33). "Il y a œuvre quand un créateur et / ou un réalisateur mettent en œuvre des processus originaux (pour eux) avec affectivité. Il y a produit quand des concepteurs et/ou des producteurs appliquent des processus formalisés sans affectivité." Si le cahier de laboratoire, par certains de ses aspects peut être qualifié d'œuvre, c'est qu'il donne une place au sujet chercheur, loin de la posture classique qui fait la part belle à l'objectivation et à distanciation affichées comme indispensables en sciences.