3.4.2 Construire le rapport aux savoirs

Construire son rapport aux savoirs et à la culture scientifiques suppose de la part du sujet une mise à distance consciente de ce que sont ces savoirs, de la valeur et de l'utilité qu'ils ont à ses yeux, du projet personnel dans lequel ces savoirs prennent place pour lui. La distanciation permet à l'élève d'exprimer une opinion, de la soumettre aux autres sans se sentir remis en cause dans sa personne. La distanciation est typique des élèves qui ont appris à réfléchir : elle s'opère vis-à-vis de soi, des "gens", de la "vie" à travers une régulation affective, sociale, intellectuelle. La distanciation produit du sens et de la régulation. L'imbrication est un processus d'adhésion-adhérence à la situation, que l'élève malhabile gère en essayant de s'en sortir le mieux possible quand ce n'est pas le plus vite possible. Pour cet élève, apprendre, c'est se rendre capable d'affronter une situation. Pour l'élève habile, il s'agit de maîtriser la situation, formule qui implique une prise de distance, une analyse constructive.

Le processus de distanciation facilite la désimbrication du sujet par rapport à l'objet du savoir : accès au monde des idées pour Platon, rupture épistémologique pour Bachelard. Un objet de savoir étant constitué comme tel, il devient possible de tenir sur lui un discours. Ces processus sont confusément perçus par les enseignants (Charlot, Beautier & Rochex, 1992) qui ont pour mission d'aider les élèves à penser le monde en construisant un univers de savoirs, Les pratiques pédagogiques liées à l'utilisation du cahier de sciences peuvent-elles développer le processus d'objectivation ?