4.1.2 De l'artefact à l'instrument

4.1.2.1 L'artefact

Pour Pierre Rabardel, le terme "artefact", notion fréquemment utilisée en anthropologie, présente deux intérêts : le caractère de neutralité que lui confère l’anthropologie et la possibilité de considérer les systèmes symboliques comme inclus dans la classe des instruments. L’artefact constitue la partie neutre ou universelle de l’instrument, relativement indépendante de l’usage de l’instrument par un opérateur humain. La réalisation d'un artefact est le résultat d’une activité finalisée pendant laquelle le concepteur s’est imaginé l’utilisation future de cet artefact. L’artefact comprend donc une fonction d'anticipation ajoutée explicitement ou implicitement par le concepteur en vue de l'utilisation future de l'artefact. "L'artefact constitue pour le sujet un ensemble de contraintes qui s'imposent à lui et qu'il doit gérer dans ses actions en situation " (Rabardel, 2006 : 38). Ces contraintes sont liées aux propriétés de l'artefact en tant qu'objet, aux objets sur lesquels il permet d'agir et aux transformations qu'il autorise. La gestion de ces contraintes et l'ouverture d'un champ des possibles constituent deux facteurs qui sont à la source de la réorganisation de l'artefact. Dans le cas du cahier de sciences, l'enseignant concepteur du cahier gère le champ des possibles en l'adaptant à ses élèves et à la discipline enseignée que le cahier représente.