5.3.4.4 Recueillir la parole de l'enfant

Les enseignants et le chercheur font le pari que la parole de l'enfant permet d'en savoir plus sur ce qui se joue entre l'enfant et les savoirs au travers de l'évocation qu'il en fait en feuilletant et en commentant à haute voix son cahier de sciences. Recueillir l'expression de l'expérience d'un élève relève de la prise en compte de la singularité individuelle qui n'est pas contradictoire avec l'idée d'universalité des sciences. Dans une perspective anthropologique, la singularité est prise comme un phénomène particulier à regarder mais représentatif de quelque chose de plus général. Il nous faut tout à la fois identifier ce qui fait l'originalité du récit de chaque enfant, et l'inscrire dans la perspective plus générale du groupe d'élèves dont il est représentatif.

Les limites et difficultés de ce type d'approche tiennent à l'implication du chercheur et à la parole de l'enfant, difficile à recueillir et fragile. Ces remarques nous conduisent à la prudence dans les conclusions que nous serions tentés de tirer des discours des élèves. Notre position est à la fois confiante et prudente. La parole de l'enfant n'est pas prise pour "parole d'évangile" comme certains le prétendent et n'est pas forcément prise au pied de la lettre. D'un autre côté, ces réserves ne doivent pas pousser à négliger l'importance de ce que peut dire un enfant sur un de ses outils scolaires. Notre problématique n'est pas suffisamment chargée d'affectivité pour qu'il soit impossible de regarder la réalité en face et que cela puisse fausser notre jugement. Il serait néanmoins imprudent de ne pas considérer les enjeux du recueil de la parole de l'enfant sur l'image qu'il a construite du travail réalisé en classe, donc de la pertinence des situations didactiques proposées par l'enseignant.