5.3.4.7 Limites de l'entretien-feuilletage

Elles sont essentiellement liées à la période des entretiens :

La fin de l'année scolaire est une période de fatigues accumulées, de bilans et d'expositions. Lorsque les enfants sont mobilisés dans de tels projets, ils peuvent avoir du mal à s'engager dans un travail réflexif. Leur motivation peut s'en ressentir.

La concurrence avec des activités de la classe plus attrayantes qui se déroulent en parallèle avec l'entretien, les fins de demi-journée, la proximité des sorties peuvent provoquer un peu d'anxiété chez l'élève interviewé. Il faut le rassurer. "Ne t'inquiète pas ! Tu sortiras à l'heure des mamans ou de la cantine."

La chaleur caniculaire de la période. 35 ° dans certaines classes, n'arrange pas les choses.

Durée de l'entretien. Les entretiens sont de longueurs très variables d'un enfant à un autre. Pour un cahier qui a le même nombre de pages, l'entretien peut varier d'une dizaine de minutes à trente minutes. Quelques entretiens particulièrement longs deviennent fastidieux pour l'enfant comme pour l'enquêteur. C'est en particulier le cas lorsqu'un enfant passe en détail tout le contenu de chaque page. Au bout d'un moment, l'enfant se décourage et risque alors de passer très vite sur certaines des dernières pages. Ne vaudrait-il pas mieux faire des entretiens plus courts, mieux répartis dans l'année scolaire ? Des entretiens en fin de périodes pourraient renseigner sur les évolutions des élèves.

D'autres facteurs humains ou matériels peuvent être des obstacles :

Interviewer un enfant qui vit une situation ponctuelle difficile (annonce de la séparation de ses parents par exemple) fournit des données qui ne sont pas représentatives de l'enfant lorsqu'il est en situation plus confortable.

L'enquêteur peut se trouver confronté à la non disponibilité des cahiers ou classeurs emportés à la maison et non rapportés. Selon le but de l'entretien, il peut ne pas être pertinent d'interroger un enfant à propos du cahier d'un autre enfant.

L'enquêteur limite le temps qu'il consacre aux entretiens dans une journée car la fatigue, la non disponibilité et l'inattention guettent, pour peu que quelques entretiens aient été très laborieux, faits de longs silences ou lorsque l'enfant s'épanche sur tous les détails de chaque page.

Pour éviter les écueils au moment de l'interprétation, l'enquêteur a intérêt, dans la mesure du possible, à obtenir un entretien, même court, avec l'enseignant pour croiser les points de vue et éviter les dérives d'une interprétation abusive.

L'action de feuilleter fait entrer l'enfant dans le rappel des expériences vécues et son imbrication dans le monde-papier entrave une vision de surplomb sur le cahier comme outil d'aide à l'apprentissage. Il est dont utile de poser quelques questions préalables avant de faire ouvrir le cahier. Comment s'appelle ton cahier ? Qu'y a-t-il dedans ? A quoi sert-il ? Sais-tu comment il est fabriqué ?