7.2.1.2 Rendre progressif l'apprentissage des tableaux

Les entretiens avec les élèves les plus fragiles nous laissent entrevoir une progressivité des apprentissages des tableaux comme moyens de structurer des informations scientifiques et comme activités de structuration de la pensée. Leur forte présence dans les cahiers et leur variété nous conduisent à en examiner de plus près les contenus et les manières dont les élèves les utilisent. Afin que ces systèmes symboliques jouent vraiment leur rôle de structuration cognitive dans l'action, nous proposons une progression qui permette à l'enfant de prendre peu à peu les repères dont il a besoin dans ce type de codages et de formuler un raisonnement utile à propos des données qu'ils contiennent.

• Les tout-premiers tableaux accessibles se composent de six à neuf cases et servent à classer des photographies ou des dessins. L'iconicité les rend accessibles et favorise des ré-évocations par énumérations utiles pour fixer le vocabulaire. A propos de la figure 27, une enfant commente : "Là, c'était sur le miel. Ca, c'est le citron. Le citron, c'est acide. Là, c'est des frites. C'est salé. Le sel, c'est salé. On avait goûté ça." L'explicitation de la relation entre les éléments est simple.
• Très vite également peuvent être proposés des tableaux dans lesquels figurent les prénoms des élèves (Figure 28): "Là, c'était moi et j'avais dit que les souris ça mange du fromage et c'est Arthur qui a apporté le fromage. Après c'est Arthur ; il avait dit que les souris ça mange du blé et c'est Maëlle qui a apporté le blé. …et après on a mis des croix pour dire si les souris elles mangent ou elles mangent pas." Le rapport avec les données du tableau est soutenu par le lien affectif. Chacun s'y retrouve et retrouve le contrat qu'il a passé et honoré

Les listes de prénoms constituent un capital fondamental au début du cours préparatoire (PROG, 2000). Profiter de ce capital, y adjoindre de nouveaux mots comme maïs, blé, fromage…pour clarifier la fonction de nutrition permet les progrès des élèves autant dans la lecture que dans la conceptualisation en sciences. Le raisonnement s'organise autour de données connues "Comme y a des croix partout, ça veut dire que les souris, elles aiment tout ce qu'on leur a apporté."

• Les tableaux de mesures, souvent présents dans les cahiers, sont à graduer dans leur difficulté. L'accumulation de données chiffrées rend indispensable l'explicitation mais peut être un obstacle à la compréhension des élèves. "En fait, on a mis là dedans pour les mamans, elles signent …. Combien…combien on fait …de mètres. Fallait marquer. Il fallait que ma maman, elle marque ma naissance. Tu vois : 1 mois, 1 an, c'est quand on grandit ; La taille, c'est quand on grandit". Les unités de mesures et l'écriture sous forme de nombres décimaux ne sont pas encore maîtrisées et empêchent l'enfant d'accéder à une clarté cognitive quant à la tâche et à son objet.
• Les tableaux à compléter par des croix sont compris par les élèves en situation de réussite mais les élèves en grande difficulté n'y trouvent pas facilement de repères. Mieux vaut choisir un contenu bien connu des élèves, limiter le nombre de colonnes et de lignes au début pour les augmenter progressivement au cours de l'année.
• Les tableaux à compléter avec des mots écrits par l'élève sont sans doute les plus difficiles. Ils supposent que les élèves aient bénéficié auparavant d'une réelle progression dans l'enseignement de cet instrument de classement.