Le dispositif de l’entretien

Les entretiens se sont déroulés sur une période de quelques mois à un an selon l’histoire des sujets. Ce dispositif est fondé sur le cahier des charges préconisé par le Département, cahier des charges qui stipule le nombre d’entretiens, ainsi que le temps conseillé, c’est à dire un an, pour élaborer un processus d’insertion sociale.

Le dispositif de l’entretien qui a été mis en place est fondé sur la perception (face à face), sur une motricité réduite (assis), sur la présentation de notre fonction de psychologue dans l’insertion sociale, fonction qui consiste à écouter pour aider les personnes à  se saisir de leurs histoires pour « éclairer les zones d’ombres. »

J’ai signifié le secret professionnel inhérent à ma profession pour mettre en confiance le sujet et différencier le dispositif de l’entretien à l’intérieur même du dispositif du Revenu minimum d’insertion tout en précisant le cadre de l’entretien dans sa temporalité : trois quarts d’heures et dans sa fréquence : tous les quinze jours.

Autrement dit, c’est à partir du langage qu’il est signifié qu’un travail d’élaboration est possible ; élaboration qui suppose implicitement, une distinction établie entre l’acte moteur et la parole, et une mise en lien avec la réalité sociale à travers l’objet Revenu minimum.

Ce dispositif fait appel à l’historicité c'est-à-dire, à un temps précis dans l’histoire du sujet, temps nommé dans la réalité clinique. Cette nomination induit un autre temps, un temps antérieur, inducteur d’un processus de mémorisation. L’inscription de cette temporalité est dans une mise en lien avec l’histoire du sujet et sa réalité sociale, celle-ci étant articulée à la demande d’allocation du Rmi.

Il y a ainsi dans le dispositif de l’entretien, l’implicite d’une réalité psychique et l’explicite d’une réalité externe ; présence et absence de l’objet Revenu minimum dans la relation clinique. C’est pourquoi, le paramètre de la présence- absence de l’objet est un des analyseurs du dispositif de l’entretien.

L’entretien de soutien psychologique est basé sur la non directivité, méthode qui permet par sa non intrusivité de respecter la fragilité et la souffrance de ces sujets, de respecter leurs silences, leurs non demandes, bref de les respecter là où chacun en est de son histoire.

J’ai dans la conduite des entretiens, utilisé : l’écoute, la reformulation, la mise en lien entre certaines situations passées et présentes concernant la vie affective ou professionnelle.

En effet il s’agit, dans ma pratique, de recevoir la demande d’objets sociaux, d’objets concrets, d’entendre la non fiabilité pour les sujets de ces objets sociaux et l’angoisse liée à la perte, d’entendre la non demande de soin, d’entendre enfin le sentiment d’insécurité qu’éprouve le sujet.

C’est à partir de la théorie psychanalytique que j’ai pu saisir les processus inconscients chez les sujets, processus dont je n’ai jamais restitué le sens dans un cadre interprétatif car le dispositif de l’entretien ne s’y prêtait pas.