Le recueil des données

Ma pratique professionnelle m’empêche d’enregistrer les entretiens. C’est pourquoi la prise de notes, autant que faire se peut, après chaque entretien est l’origine du matériel clinique ; cela ne peut être assimilé à la retranscription exacte d’un enregistrement.

Ces prises de notes avaient dans un premier temps une fonction de distanciation par rapport à la relation duelle, l’écrit me permettant de réfléchir sur mon contre-transfert, de faire des liens entre la parole du sujet, et mes repères théoriques, d’être dans cet aller retour qui donnait sens à l’implicite du sujet.

Dans un deuxième temps, ces notes ont pris une valeur de données liées à ma recherche, et sont empreintes de perte inhérente à la fonction même de la trace écrite : d’oublis, de non entendus, de fatigue, de négligence.

Ces traces sont fondées sur mon angle de vision, et ne peuvent être la mémoire exacte des paroles du sujet ; elles sont de fait empreintes de mon propre filtre constitué de points aveugles.

J’ai choisi dans l’inscription des éléments de la trace du discours de l’allocataire, de restituer le plus possible l’intégralité de ce discours ainsi que mes propres interventions.

Entre l’écrit et l’expérience vécue subsiste un écart, des creux du discours ou des trop pleins que nous avons traité dans la réélaboration du matériel.

Il y a dans la restitution des entretiens, interaction entre le contenu de l’histoire du sujet et ma pensée associative. C’est un choix méthodologique, qui rend compte du lien intersubjectif qui se joue pour moi dans l’écrit clinique.