Malaise dans la civilisation

Dans « Malaise dans la civilisation », Freud porte son analyse sur le sens de la civilisation, sur les efforts qu’elle implique pour l’homme, et sur les imperfections que la civilisation peut engendrer.

Freud définit la civilisation en ce qu’elle :

‘ « Désigne la totalité des œuvres et organisations dont l’institution nous éloigne de l’état animal de nos ancêtres et qui servent à deux fins : la protection de l’homme contre la nature et la réglementation des relations des hommes entre eux. »5

Pour que les hommes puissent vivre ensemble il est nécessaire qu’il y ait un renoncement pulsionnel du sujet au profit de l’appartenance au groupe, c’est à ce prix que sont régis les rapports sociaux entre les hommes.

Ce prix à payer implique une compensation pour l’homme, compensation de l’ordre de l’économie psychique, qui suppose qu’un échange s’instaure car sinon : « il faut s’attendre à de graves désordres. »(ibidem, p. 48).

N’est ce pas ce à quoi nous assistons de nos jours, c'est-à-dire à une non-compensation psychique pour les sujets au Rmi de leur renoncement pulsionnel « au profit de l’appartenance au groupe », car les exclus font-ils partie du groupe social ?

En effet, les sujets en situation de précarité financière ne font pas partie du groupe des « inclus », ils sont ainsi que les nomme comme les politiques d’insertion: des « exclus » du groupe social, (de par leur non appartenance au groupe des « inclus » c'est-à-dire à ceux qui ont un travail) et parce qu’ils dépendent des minima sociaux. Nous sommes en présence d’une dynamique, où du point de vue du sujet, le contrat narcissique qui le lie se trouve invalidé voire dénoncé.

Freud précise combien la notion d’échange est fondamentale pour les relations des hommes entre eux, et qu’on ne peut exiger de l’homme qu’il donne sans retour.

Un des buts de la civilisation est de susciter entre les hommes des identifications afin de mobiliser la plus : « grande quantité possible de libido inhibée quant au but sexuel, afin de renforcer le lien social par des relations amicales. » (ibidem, p. 61).

Freud marque ici l’importance du lien social et du phénomène d’identification entre les hommes comme liant de ce lien social. Il nous interroge sur le délitement du lien social dont on stigmatise trop souvent la population dite exclue, comme si, les autres, les inclus ne pouvaient pas être concernés par la question de l’autre et des autres.

En poursuivant sur la notion d’échange, Freud précise que, la civilisation impose à l’homme des sacrifices touchant à l’agressivité et à la sexualité, c’est pourquoi :

‘ « L’homme civilisé a fait l’échange d’une part de bonheur possible contre une part de sécurité. »6

Freud constate que la civilisation laisse subsister de grandes souffrances et que la misère psychologique du peuple est pour lui un danger quand :

‘« Quand le lien social est créé principalement par l’identification des membres d’une société les uns aux autres, alors que certaines personnalités à tempérament de chefs ne parviennent pas, d’autres part, à jouer ce rôle important qui doit leur revenir dans la formation d’une masse. »7.’

Freud dans ce texte reste sur une note pessimiste et interrogative sur l’évolution de la civilisation et sur la capacité des hommes à dominer les pulsions d’agression et d’auto-destruction.

Notes
5.

Freud S., Malaise dans la civilisation, p. 37

6.

Freud S., ibidem, p. 69

7.

Freud S, Malaise dans la civilisation, p. 70